Seize familles vivent dans des baraques de fortune, depuis près de quatre ans, au 3 rue Seddik Hamouche. Il ne s’agit pas de familles venues des différentes régions pour un motif quelconque, mais bien de familles établies à Oran depuis plus de quarante ans qui étaient toutes locataires dans un immeuble relevant du secteur privé, lequel est tombé en ruine et dont la propriétaire a décidé d’ester ces familles en justice pour évacuer les lieux.
C’est au mois de décembre 2010, par une nuit glaciale et sous une pluie battante, que ces familles ont été expulsées des appartements qu’elles occupaient depuis de longues années dans cet immeuble en ruine.
N’ayant que la rue comme refuge, ces familles ont construit des baraques de fortune avec des bouts de carton, des tôles, des films de plastique et tout ce qui peut les abriter du froid, pensant que ce n’était que provisoire et que les responsables locaux ne pourront pas rester insensibles à leur lamentable situation et penseront à les reloger dans un délai plus ou moins court. Hélas, quatre ans sont passés sans qu’aucun responsable ne se soit inquiété de leur triste sort, encore moins de l’image dégradante qu’offre ce bidonville installé au cœur de la ville d’Oran El Bahia, dans le quartier antique de Sidi El Houari.
Un quartier qui semble marginalisé et laissé à l’abandon, sinon comment expliquer la présence de ces seize familles dans ces baraques depuis près de quatre ans maintenant, alors que plusieurs opérations de relogement ont eu lieu depuis ?
Ces familles qui lancent un appel de détresse au wali, n’arrivent pas à comprendre comment se fait-il qu’aucun responsable ne se soit déplacé chez eux, pour s’enquérir de leur difficile condition de vie ? «Nous sommes des morts-vivants, il nous semble que nous n’existons même pas, nous sommes marginalisés, nous menons une misérable vie dans ces baraques où mêmes les sangliers viennent roder chez nous, nous vivons avec les rats qui pullulent comme des fourmis et avec les moustiques et les serpents», expliquent des chefs de famille.
En réponse à une question, Houari, ex-agent de la garde communale, a tenu à expliquer qu’il n’existe ni eau courante ni sanitaires ni intimité dans ces baraques, on fait nos besoins naturels dans des bidons, en hiver les eaux pluviales s’infiltrent en grande quantité à l’intérieur des baraques et c’est toute la literie qui est trempée. En été, la situation n’est guère meilleure, nous vivons l’enfer sur terre, les baraques se transforment en un véritable four, nos enfants et nous mêmes sommes malades et ne voyons pas encore le bout du tunnel, explique Houari.
Nos interlocuteurs n’ont pas manqué de nous confier qu’ils ont adressé plusieurs correspondances aux autorités locales et nationales, pour attirer leur attention sur cette condition de vie fort précaire, qui détruit même la personnalité de l’individu et qui crée des conflits au sein de ces familles. Malheureusement, aucune suite ne leur a été réservée.
A.Bekhaitia