Un cargo algérien, le « Blida », avec 27 membres d’équipage à bord a été détourné à 280 km au sud-est du port de Salalah (Oman), publie dimanche le site web de l’opération « Atlanta » de l’UE pour la lutte contre la piraterie (EUNAVFOR Somalia – Operation Atalanta). Cette attaque est la première du genre contre un bateau algérien. Les pirates somaliens détiennent aujourd’hui plus de 654 otages et la piraterie est devenue un business très lucratif.
Le vraquier/céréalier à destination de Dar-es-Salaam (Tanzanie) s’est fait attaquer par des pirates samedi 1 janvier au large de la mer d’Oman peu de temps après son départ du port de Salalah. Des citoyens algériens, philippins et ukrainiens comptent parmi ses membres d’équipage, a indiqué la source. Le bateau construit en 1978 et d’une capacité de 12829 tonnes transportait une cargaison de clinker utilisé pour la fabrication de ciment.
Selon les données fournies par le site, 28 navires avec plus de 654 otages sont actuellement aux mains des pirates. L’association Ecoterra International, spécialisée dans les questions de piraterie, indiquait à la mi-décembre 2010 que les otages sont détenus dans des conditions extrêmes et certains sont totalement abandonnés par leurs gouvernements.
« Les maladies se développent parmi l’équipage : certains souffrent d’hémorroïdes, un marin a perdu la vue et un autre a de graves problèmes d’estomac », témoignait le capitaine du navire, le yéménite Abdirazzak Ali Saleh, interrogé par l’AFP au téléphone. « L’eau que nous buvons est sale et nous devons nous contenter d’un repas par jour, du riz. L’équipage souffre, autant physiquement que moralement », ajoutait le capitaine. Interdits de contact téléphonique avec leur famille, les marins sont confinés dans une pièce de 25 m2.
Les marins restent souvent plus longtemps que nécessaire aux mains de leurs ravisseurs car « plus un détournement (de bateau) dure, plus le propriétaire du navire peut obtenir d’argent s’il bénéficie d’une bonne assurance et des bons relais », accusait l’association Ecoterra. « Des négociations qui pourraient être bouclées en trois ou quatre semaines, peuvent s’éterniser pendant des mois, en l’absence d’un interlocuteur qui ait à coeur le sort de l’équipage », témoignait à l’AFP un porte-parole de cette association de défense des droits de l’homme et de l’environnement.
Les attaques contre les bâtiments croisant dans cette partie de l’océan Indien semble reprendre de plus belle après une période de relative accalmie. Plusieurs captures de navire ont été rapportées dans un récent passé. Plus de 700 individus condamnés ou soupçonnés de piraterie au large de la Somalie sont à présent emprisonnés dans 12 pays, la moitié d’entre eux sont détenus dans des prisons somaliennes.
La Somalie, l’un des pays les pauvres de la planète, n’a pas eu de réel gouvernement depuis 1991 et la piraterie constitue l’un des quelques choix qui s’offrent aux habitants du pays pour augmenter leurs revenus. La piraterie en haute mer devient ainsi un business très lucratif. A la fin du mois de décembre dernier, un chimiquier allemand composé de 22 hommes a été relâché par des pirates somaliens en échange d’une rançon de 5,5 millions de dollars.
