Au cours d’une conférence présidée par le Premier ministre, le 05 novembre 2014, suite à un large débat à Radio France Internationale le 24 octobre 2014 avec Antoine HALFF ancien économiste en chef au secrétariat d’Etat à l’Energie US et actuellement important responsable à l’agence internationale de l’Energie AIE où nous avons prévu une baisse importante des cours qui pourrait s’allonger jusqu’a fin 2020/2025, mis en garde le gouvernement algérien, j’avais proposé un comité de crise et une conférence nationale pour réorienter la politique socio-économique afin d’éviter le drame des impacts de la crise de 1986.
Bon nombre de membres du gouvernement et d’experts se sont mis rire au Club des Pins et annoncé un retour vers 90/100 dollars. Le seul expert à avoir soutenu ma proposition a été le professeur Chems Chitour, alors que ces soi-disant experts affirment aujourd’hui tout le contraire.
1.-Les recettes de Sonatrach qui ont été de 63,66 milliards de dollars en 2013, 58,34 en 2014 risquent d’être inférieures aux estimations de la LFC 2015 qui table sur 34 milliards de dollars au cours de 60 dollars moyenne annuelle. Avec un cours comme le prévoit la banque mondiale dans son rapport du 11 aout 2015 d’environ 40 dollars en 2016, les recettes ne dépasseraient pas 25 milliards de dollars, moins de 20 milliards de dollars de profit net après déduction des 25% de charges de Sonatrach. Dans ce contexte, la proposition d’une réunion extraordinaire de l’OPEP proposée par le Ministre de l’Energie algérien, selon mes informations, du fait des nouvelles mutations énergétiques mondiales et de la conjoncture actuelle me semble difficile à se réaliser.
Face aux menaces qui pèsent sur l’Algérie, l’objectif stratégique est de s’attaquer aux réformes structurelles évitant la démagogie car il semble bien que pour certains responsables n’ayant pas tiré les leçons de la crise de 1986, on continue comme si rien n’était. Comme conséquence, nous avons un solde global de la balance des paiements de 130 millions de dollars en 2013 et négatif de 5,88 milliards de dollars fin 2014. Durant les cinq premiers mois de l’année 2015, par rapport à la même période de 2014, la balance commerciale a enregistré un déficit de 6,38 milliards de dollars contre un excédent de près de 3,44 milliards de dollars. Plus précisément, les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 71% durant les cinq premiers mois de 2015 contre 114% à la même période.
Par ailleurs, nous assistons depuis juin 2014 à une baisse vertigineuse du fonds de régulation des recettes estimé à 3.916,5 milliards de dinars à fin mars 2015 contre 5 088,6 milliards à fin mars 2014 et ce pour couvrir le déficit budgétaire, devrait clôturer à moins de 30 milliards de dollars fin 2015 avec un déficit budgétaire prévu dans LFC 2015 de 28 milliards de dollars à un cours de 98 dinars un dollar, montant qui serait supérieur à un cours de 79 dinars un dollar. Les réserves de change, dont 83% sont placées en bons de trésor américain, en obligations européennes et une fraction dans des banques internationales cotées dites AAA étaient évaluées à 193,3 milliards de dollars à fin juin 2014, à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014, à 178,9 milliards de dollars à la fin décembre 2014, et à environ 160 milliards de dollars fin mars 2015 et devraient être à moins de 140 milliards de dollars fin 2015 si le cours fluctue entre 55/60 dollars, soit 44 milliards de dollars de moins par rapport à janvier 2014.
Car la LF2015 a prévu une légère baisse des importations y compris les services environ 57,3 milliards de dollars de biens contre 58,330 en 2014, sans compter les services qui ont été de 11,5 milliards de dollars en 2014 et également les transferts légaux de capitaux. Les sorties de devises qui approcheraient 70 milliards de dollars fin 2015, sauf à geler une grande partie de projets avec d’inévitables tensions sociales, l’économie productive étant marginale, 83% du tissu économique étant constitué de petits services/commerce, important 70% des besoins des entreprise privées et publiques dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%, l’industrie représentant moins de 5% du PIB et sur ces 5% 95% étant des PMI/PME dont la majorité sont peu concurrentielles.
2.- Aussi, il ne faut pas se faire d’illusion comme cette proposition, d’initiatives, ayant induit en erreur le président de la république et le Premier ministre algérien, de l’ex ministre de l’Energie qu’il y aurait une réunion extraordinaire l’OPEP avant juin 2015 pour endiguer la baisse des cours. Or sa tournée à travers bon nombre de pays n’a eu aucun impact. Le nouveau ministre fait la même erreur oubliant que la cheville ouvrière de l’OPEP, qui reçoit des instructions des membres les plus influents, est le secrétaire général de l’OPEP qui a écarté récemment toute nouvelle réunion avec l’aval selon nos informations de l’Arabie Saoudite. Or sa récente déclaration ajoute à la confusion en erreur l’opinion algérienne qui est consciente de la gravité de la situation.
L’OPEP qui n’a plus l’influence des années 1970, représente actuellement moins de 33% de la production commercialisée, 67% se faisant hors OPEP, la Russie privilégiant ses intérêts ^propres, ayant pris des parts marchés croissants lorsque l’OPEP baissait ses quotas, du fait de la stratégie internationale de Gazprom, n’existant pas de sentiments dans les affaires. Sur ces 33% l’Arabie Saoudite avec les pays du Golfe au sen de l’OPEP représente plus de 60%, l’Algérie (0,8% des réserves mondiales de pétrole et moins de 1,8% des réserves de gaz naturel) et le Venezuela qui est d’ailleurs en faillite, étant marginaux et ayant très peu d’influences.
L’entré de nouveaux producteurs dans le monde dont les importantes découvertes en méditerranée orientale, au Mozambique qui deviendra le 3ème réservoir d’Afrique dès 2016, du pétrole/gaz de schiste américain qui a bouleversé toute la carté énergétique mondiale, la décision récente du congrès américain d’autoriser les exportations hors USA dès 2017, l’entrée en Iran dès le 01 janvier 2016 160 milliards de barils de pétrole de réserve et 34.000 milliards de mètres cubes gazeux de gaz traditionnel (le deuxième réservoir après la Russie), le relèvement prochain de la production de l’Irak et certainement de la Libye, accroîtront l’offre. Or la demande est faible notamment due à la crise mondiale qui perdure notamment des pays émergents et surtout de la Chine ( croissance prévue inférieure à 6%) , avec une production déjà excédentaire de plus de deux millions de barils jour ; sans compter le développement technologique dans l’efficacité énergétique , une prévision d’économies fossiles d’environ 30% horizon 2025 , pour les pays développés et pour la Chine/Inde.
3.- Le ministre de l’Energie, responsable du secteur avec l’épuisement inéluctable des fossiles traditionnels (horizon 2030 avec une population de 50 millions d’habitants ), du fait des extrapolations d’exportation et de la forte consommation intérieure, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, doit s’attaquer à l’essentiel non au secondaire, nous proposer notamment en relation avec ses collègues de l’industrie et du transport, supposant une coordination sans faille, un nouveau modèle de consommation énergétique. Ce modèle, je l’’avais proposé déjà entre 2007/2008, avec un débat à la commission économique de l’APN, lorsque j’avais dirigé le dossier carburant assisté du bureau d ‘études américain Ernest Young, des cadres dirigeants de Sonatrach et d’experts indépendants où avait été également montré le gaspillage du fait de subventions généralisées et non ciblées.
D’une manière générale, existe dans la majorité des secteurs une inconscience de dépenses monétaires sans se soucier des impacts, comme cette frénésie à faire et refaire des trottoirs chaque année et dans toutes les wilayas du pays; avec du carrelage que l’on ne trouve même pas sur les Champs Elysées et de prendre des circulaires qui ne collent pas avec la réalité sociale et économique. Pour la dernière mesure, qui ne concerne que la partie dinars, d’inciter les tenants de la sphère informelle à déposer leur capital-argent dans les banques contre un impôt de 7% (vous déposez 100 milliards de centimes, vous payerez 7 milliards de centimes) sans être poursuivi, il faudra attendre la mi septembre 2015 pour faire le bilan qui traduira si existe une confiance envers les banques publiques, qui sont actuellement des guiches administratifs, et surtout la confiance Etat-citoyens. Mais l’objectif stratégique est ailleurs que ces mesures techniques secondaires. Il est temps, car relevant de la sécurité nationale, car des moments très difficiles s’annoncent, que des ministres, Walis, responsables des grandes entreprises publiques prennent conscience que continuer, comme par le passé, à dépenser sans compter conduit le pays au suicide collectif, l’Etat à travers tous ses démembrements par la bonne gouvernance et la rationalisation de ses choix, devant donner l’exemple.