Un ballastage effectué en violation de la réglementation par un navire à proximité du littoral a rendu la baignade impossible au grand dam des estivants. On ignore encore les conséquences environnementales de cette pollution.
Une bonne partie de la côte ouest de Béjaïa était interdite, jeudi matin, à la baignade. Un ballastage – ou dégazage –, effectué en violation de la réglementation par un navire à proximité du littoral, a rendu la baignade impossible au grand dam des estivants, qui se sont rendus en nombre, ce jour-là, à Boulimat, Saket, Tighremt et Oued Dass.
D’abord que signifie ballastage ou dégazage qui désigne communément le rejet à la mer d’hydrocarbures par un navire. Selon les spécialistes, le ballastage est l’action de vider ou de remplir les ballasts d’eau de mer. L’Organisation maritime internationale (OMI) a estimé que, pour la seule année 2004, ce sont environ dix milliards de mètres cube d’eau qui ont été transportés par les 45 000 navires de commerce mondiaux dans leurs ballasts. L’un des problèmes actuels inhérent au ballastage et au déballastage est que l’eau de mer est pompée à un endroit du globe (zone de déchargement de cargaison), et généralement vidangée à un autre (zone de chargement). L’eau de mer contient des particules solides boueuses et des particules vivantes animales ou végétales, ces éléments peuvent être toujours vivants lors du rejet. Ils peuvent alors se retrouver dans un écosystème différent auquel ils peuvent nuire.
La réglementation actuelle tend à obliger les navires à avoir un “plan de gestion des eaux de ballast”, et ce, afin d’éviter de déséquilibrer un écosystème par le transport éventuel d’espèces invasives. Les navires doivent, conformément à la réglementation, échanger, lorsqu’ils se trouvent en haute mer, l’eau des ballasts. L’échange doit se faire si possible par grande profondeur (> 2000 m), de jour et le plus loin possible du littoral. Malheureusement, le capitaine du bateau, qui s’est rendu coupable de dégazage, ne peut prétendre que son navire était en haute mer car celui-ci était très proche du littoral.
Selon les témoins oculaires, on est véritablement dans le cas d’un déballastage car l’eau rejetée a, selon les baigneurs qui nous ont appelés, une couleur rouille en raison, explique-t-on, “des boues qui se déposent dans le fond des ballasts au fur et à mesure des mouvements de remplissage/vidange”. On y apprend aussi que certains navires-citernes anciens, moins pourvus en capacités de ballasts, utilisent une partie de leurs cuves de cargaison pour le ballastage ; avant de le faire, ces cuves doivent être nettoyées, mais il arrive que des équipages de pétroliers peu scrupuleux rejettent à la mer une eau fortement contaminée en hydrocarbures. Ce phénomène extrêmement polluant est souvent désigné dans la presse sous le terme (impropre) de dégazage.
Nous avons bien évidemment essayé de joindre, durant tout l’après-midi de jeudi, les services susceptibles de nous éclairer sur cette pollution. Spontanément, nous nous sommes adressés, en premier lieu, à la capitainerie de l’Entreprise portuaire de Béjaïa.
Malheureusement, son responsable était en réunion ; on ignore s’il s’agit d’une réunion de crise suite au ballastage sauvage opéré sur le littoral béjaoui.
Joint à leur tour, les Gardes-côtes nous ont orientés vers la Protection civile ! On ignore donc si le navire indélicat a été identifié. Ou si le registre des hydrocarbures, – un document obligatoire sur les navires –, a été consulté. Pour information, le registre des hydrocarbures, partie I ou partie III, doit être conservé dans un endroit où il il peut être aisément accessible aux fins d’inspection à tout moment et, sauf pour les navires remorqués sans équipage, doit se trouver à bord du navire.
Il doit être conservé pendant une période de trois ans à compter de la dernière inscription. Le registre des hydrocarbures est un document très important qui permettra de mettre en cause la bonne gestion des résidus d’hydrocarbures sur un navire.
Il est rempli par le chef mécanicien et signé par le capitaine du navire qui engage ainsi sa responsabilité. Plus encore, on ignore si des mesures ont été entreprises par l’inspecteur de l’environnement au niveau de la wilaya de Béjaïa car on est bien dans le cas d’une pollution marine.
Et selon les capitaines de la marine marchande algérienne et des patrons pêcheurs, ce n’est pas le premier dégazage auquel on assiste. Ils préconisent un durcissement de la législation car il y va de la santé publique et de l’avenir des générations futures.