L’événement a été organisé par a Ligue des droits de l’homme de Paris, la mairie du 12e arrondissement, le conseil de quartier Nation-Picpus, l’association Attac, l’association « la commune libre d’Aligre », la Confédération générale du travail (CGT) et soutenu par le Parti communiste français (PCF), France Insoumise, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et la librairie La Brêche.
Le bal s’est déroulé de 19h00 à minuit sur la place de l’ile de la Réunion à Nation juste à côté de la plaque commémorative érigée l’année passée par la mairie du 12e arrondissement pour commémorer la répression policière qui s’était abattue sur des Algériens, munis de banderoles et de drapeaux, qui réclamaient l’indépendance de l’Algérie et la libération de Messali Hadj.
A l’ouverture du bal, la maire du 12e arrondissement de Paris, Catherine Barrati-Elbaz, a tenu à souligner que beaucoup d’étapes de l’histoire de France, notamment durant la période de la colonisation, ont été passées « sous silence », comme celui du massacre du 13 juillet 1953 qui a visé des Algériens qui « se battaient pour une Algérie indépendante ».
« Le travail de mémoire est important », a-t-elle dit, relevant que la France et l’Algérie « n’ont pas encore connu des relations apaisées ».
Pour sa part, Jean Laurans, qui avait 18 ans ce jour-là est venu apporter son témoignage. Il voulait à l’époque aller au bal mais au lieu de cela, il s’est retrouvé blessé par balle et hospitalisé.
Il a insisté, dans son intervention, sur la volonté de ces travailleurs algériens de France pour une Algérie indépendante, exprimant une « particulière pensée » pour eux.
« L’histoire de ces agressions ne doit pas restée dans les oubliettes », a-t-il recommandé, citant les massacres durant la guerre de libération, les crimes de l’OAS et les conséquences sur les humains et la nature des essais nucléaires français dans le sud algérien.
Intervenant en sa qualité de membre de la Ligue des droits de l’homme, l’historien Gilles Manceron a rappelé que l’attaque de la police, sous les ordres du sinistre préfet Maurice Papon, contre des Algériens (4500 à 5000) a fait une cinquantaine de blessés et sept morts, dont six Algériens.
Il a souligné que cet événement à Paris, où il y avait mort d’hommes, était ignoré sauf par quelques journaux comme L’Humanité et Franc-Tireur (disparu), mais il était, a-t-il relevé, traité comme un fait divers, « parce qu’il s’agissait d’Algériens ».
« Il ne faut oublier que le racisme, l’anti-arabe, l’islamophobie ont des racines lointaines dans la société française », a-t-il affirmé, appelant à « s’interroger sur cette page d’histoire de la société française ».
Un drame occulté
Les organisateurs du bal ont voulu « pour ces raisons, pour cette réparation symbolique », commémorer, 65 ans plus tard, de manière festive, « ce drame quasiment inconnu de l’histoire » de France.
Durant la soirée, les participants étaient réjouis d’être dans une ambiance festive avec de la musique (française, algérienne et africaine), de la danse et de la projection d’un extrait du film documentaire « Les balles du 14 juillet 1953 » de Daniel Kupferstein, auteur d’un livre avec le même titre, qui souhaite toujours de participer avec son film à des festivals en Algérie.
Pour rappel, il y a 65 ans, la répression avait visé les Algériens en les provoquant et les agressant par des policiers soutenus par des parachutistes, de retour d’Indochine. D’après plusieurs sources, la police a tiré « intentionnellement et sans sommations » sur les manifestants. Bilan: six Algériens et un Français tués, une cinquantaine de manifestants sont blessés, dont 44 Algériens et 40 par balles.
Les Algériens tués, sont Amar Tabjadi, 26 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis, Abdallah Bacha, 25 ans, mort à l’Hôtel-Dieu des suites d’une balle reçue dans la gorge, Larbi Daoui, 27 ans, tué d’une balle dans le cou, Abdelkader Dranis, 31 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis, Mohamed Isidore Illoul, 20 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis, Medjen Tahar, blessé par deux balles, décédé à l’hôpital Tenon.