Un autre enlèvement d’un enfant dimanche dans le Constantinois

Un autre enlèvement d’un enfant dimanche dans le Constantinois

Alors que la population de Constantine et des localités avoisinantes ont décidé d’une grève générale, ce jour dimanche 17 mars 2013, avec l’organisation d’une manifestation devant le tribunal de justice de Constantine, en solidarité avec l’enlèvement et l’assassinat de Haroun et d’Ibrahim, qu’un autre enfant âgé de 13 ans, a été enlevé et embarqué dans une voiture par des inconnus.

on de Guelma.

Pendant que tous les regards de la population de la région étaient orientés vers la manifestation qui se déroule au même moment devant le tribunal de justice de Constantine, le père de Salim reçoit un appel téléphonique de la gendarmerie de Guelma pour le prévenir que son enfant a été enlevé et qu’il se trouvait à ce moment à l’hôpital en leur compagnie. Alors que la population constantinoise, qui au départ manifestait pacifiquement pour faire pression sur les autorités locales à agir contre ce terrible fléau, et qui a sitôt tourné à l’émeute, provoquant un chaos indescriptible, celle d’Ouled Rahmoun, en apprenant la nouvelle de l’enlèvement de Salim, fut prise de panique et s’est spontanément rassemblée devant le domicile des Bahchachi, frappée de consternation et d’effroi. Dès l’annonce de la nouvelle, tous les hommes de la famille Bahchachi se sont dirigés vers Guelma.

Selon les premières informations recueillies auprès des parents de Salim, l’enfant, qui s’était remis du choc du coup qu’il a reçu à la tête peu de temps avant l’entrée à la ville de Guelma, s’est mis à crier et à gesticuler dans le véhicule à la vue d’un barrage de gendarmerie. Pris certainement de panique, les malfaiteurs ont passé à grande allure le barrage sans s’arrêter, en éjectant l’enfant sur le bas-côté de la route. On ne sait pas encore si l’enfant a sauté du véhicule tout seul ou bien s’il a été éjecté volontairement par les malfaiteurs. Une chose est sûre, les gendarmes, impuissants ou laxistes, n’ont pas pu arrêter le véhicule à cet instant, qui s’est perdu dans la nature.

LG Algérie

L’enfant a été conduit par la suite à l’hôpital de Guelma et s’en est sorti avec un bras fracturé et quelques blessures légères sur le corps. Même si sa vie n’est plus en danger, il gardera, cependant, lui, sa famille et ses proches, un traumatisme profond de cet épisode tragique durant toute leur vie,

Le traumatisme, à présent, n’affecte plus seulement les familles concernées par ces enlèvements abjects, mais toute la population algérienne, qui n’est plus à l’abri d’une telle tragédie, devant la récidive périodique de ce fléau dans les quatre coins du pays.

Avec ces évènements révélateurs, la déliquescence de l’État algérien a atteint un point non-retour. C’est la descente aux enfers. L’État est démissionnaire. Seul lui importe le maintien au pouvoir et le pillage du trésor public. Dans un État soucieux de la sécurité publique sur son territoire, il aurait donné le signalement du véhicule incriminé aux médias pour informer la population et déclencher immédiatement un plan de recherche et de bouclage de la région pour son arrestation, afin d’éviter qu’il récidive. Alors que déjà dans l’affaire de Haroun et d’Ibrahim la loi de l’omerta a été imposée aux médias (par contrainte implicite, voire par complicité dans certains cas), pour minimiser l’importance de l’évènement, afin de ne pas attirer l’attention de la population et d’éveiller ses soupçons sur le grave déficit de sécurité publique. À ce propos, les deux assassins présumés de Haroun et d’Ibrahim résidaient dans un appartement situé dans un immeuble de la nouvelle ville d’Ali Mendjeli, qu’ils louaient à une femme, qui en est la propriétaire. Selon les confidences d’un policier, dont nous terrons le nom pour des raisons évidentes, il semble qu’il y a un troisième suspect, qui serait une femme, mais sans préciser s’il s’agit de la propriétaire de l’appartement ou d’une autre personne. C’est dire que cette monstrueuse affaire n’a certainement pas révélé tous ses secrets et le pouvoir n’a aucun intérêt de les médiatiser. Selon une avocate du barreau de Constantine, qui s’est adonnée, elle aussi à la confidence, elle a révélé l’existence d’un ordre transmis par une communication téléphonique de la part du pouvoir occulte, au procureur Mohamed Abdelli, qui a été chargé de communiquer avec la presse sur cette affaire, de taire l’état des corps, affreusement mutilés, et ce qu’Haroun et Ibrahim ont malheureusement subi pendant leur enlèvement. En complète contradiction avec le premier rapport de police diffusé par l’agence gouvernementale APS.

Sans exagération aucune, l’Algérie dérive vers l’absurde et le chaos, sans qu’il y ait une prise de conscience collective qui se manifeste dans l’espace public et dans les médias pour donner l’alerte. La dérive vient de l’absence totale de l’État devant l’insécurité publique grandissante. Celle-ci n’est plus assurée et la population, abandonnée à elle-même, est exposée à toutes sortes de violences et de racket par des bandes organisées : prostitution, drogue, criminalité, violences urbaines, à quoi il faut rajouter ces enlèvements d’enfants abjects et leur assassinat et toutes sortes d’insécurités auxquelles est exposé fatalement la population.

Un état de fait, qui arrange à coup sûr le pouvoir, pour détourner la population des préoccupations politiques et de la contestation de son illégitimité, pour lui laisser le champ libre au pillage de la rente des hydrocarbures et au dépeçage de l’Algérie, avec le regard complice et intéressé de toutes sortes de charognards qui gravitent autour, pour quelques onces d’os.

Youcef Benzatat