Le bras d’honneur de Gérard Longuet, ancien ministre français de la Défense sous Sarkozy, en réaction à une dépêche mentionnant une demande du ministre algérien des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, pour une «reconnaissance franche des crimes perpétrés» par le colonialisme français est en conformité avec le niveau du personnage.
Ses « lapsus » répétés allant dans le sens de l’extrême-droite incarnée par le Front national l’attestent largement.
Le geste, grossier, fait d’abord honte à la classe politique française qui dénonce en général une tendance à rabaisser le débat – fût-il rude comme celui des mémoires – au niveau des égouts.
Sa sortie de bas étage ne devrait pas susciter, à priori, plus que du mépris côté algérien, mais rien n’est certain sur ce terrain comme l’indiquent certaines réactions qui semblent accorder un poids démesuré au sieur Longuet, militant d’extrême- droite dans sa jeunesse et flagorneur du Front national en âge adulte.
Sa vulgarité est critiquée en France aussi bien par la gauche que par la droite. Le seul soutien – qui ne surprend pas – vient d’un député du Front national, Gilbert Collard, qui souhaite une amplification de ce geste afin que les Algériens le reçoivent « en pleine figure ».
Le « petit » Longuet invoque pour justifier sa vulgarité un « geste de mauvaise humeur typiquement populaire » en accusant l’Algérie de « raviver les plaies » entre Français, « les pieds-noirs, qui ont l’impression d’être collectivement jugés et condamnés, et nos compatriotes métropolitains qui se disent: qu’est-ce que c’est que ces gens qui étaient au fond des criminels ».
A gauche, où l’on a à l’esprit la visite que doit effectuer prochainement François Hollande en Algérie, on est particulièrement sévère contre l’ancien ministre de la Défense. Le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, « a exprimé sa désapprobation après le geste grossier et injurieux que M. Gérard Longuet a adressé aux autorités algériennes ».
Dans son communiqué, « au ton inhabituellement virulent » commente l’AFP, « Jean-Pierre Bel estime que ce geste, de la part d’un ancien ministre, ne peut qu’entretenir la guerre des mémoires ». Harlem Désir, nouveau premier secrétaire du PSF, estime que le geste de Longuet illustre « la brutalité vulgaire d’une certaine droite qui abîme trop souvent le débat républicain ».
BIZUTER LE VOYAGE À ALGER DE FRANÇOIS HOLLANDE
Le président du cercle d’amitié franco-algérien, le Dr Adam Benahmed, s’est dit jeudi, au nom de l’ensemble des membres de cette association, « outré et scandalisé par le geste inélégant et de voyou » de l’ancien ministre UMP « envers le peuple algérien ami ».
A droite, le député UMP Claude Goasguen a indiqué ce vendredi que « c’est presque une insulte pour tous les morts de la guerre d’Algérie que de faire ce geste, qui est un geste de mépris, aussi bien à l’égard des morts algériens que français ». Pour lui, ce n’est « pas une bonne façon de faire de la politique ».
Le contentieux sur l’histoire entre l’Algérie et la France n’est pas simple, mais il est clair qu’une partie de la droite de l’Hexagone fait tout pour le rendre difficile. A plus forte raison quand le président François Hollande, qui a fait un tout petit pas en reconnaissant le massacre perpétré contre les Algériens le 17 octobre 1961, s’apprête à faire sa première visite en Algérie.
Pour le Front national, créé par un tortionnaire et qui recrute parmi les nostalgiques de l’Algérie française, la cause est entendue depuis longtemps.
Une partie de la droite dite « républicaine », en course folle derrière les thèmes lepénistes (islamophobie, racisme décomplexé, xénophobie anti-black et anti-arabe), n’a pas besoin de Le Pen pour exhaler régulièrement sa haine de ces Algériens qui ont par leur combat détruit « leur Empire ».
Le petit Longuet a agité un bras qui en dit long sur l’état d’esprit de cette droite en détestation permanente de l’Algérie même si elle aime bien faire des affaires avec elle…
Salem Ferdi