Trois Isérois sont soupçonnés d’avoir fabriqué de fausses ordonnances, afin de se procurer des neuroleptiques qu’ils revendaient en Algérie. Les fausses ordonnances et près de 2 400 cachets destinés à être revendus à Oran ont été saisis.
Le billet d’avion était pris, les valises bouclées. Lundi, quand les policiers oullinois ont débarqué chez ce couple d’Isérois à Renage (38), le mari s’apprêtait à rejoindre l’Algérie le lendemain. Scotchés contre le fond de quatre valises, des dizaines de boîtes de Rivotril, 2 380 cachets exactement destinés à être revendus à Oran. Le couple, un homme de 23 ans et sa femme de 29 ans, utilisait les identités de six médecins de la région, afin de fabriquer de fausses ordonnances. En prenant soin de ne quasiment jamais retourner au même endroit, ils se faisaient remettre le neuroleptique dans plus d’une cinquantaine de pharmacies, en majorité des départements du Rhône, de l’Isère et de la Loire. C’est une pharmacie d’Écully qui a remarqué l’anomalie en septembre 2012, en voyant que l’ordonnance n’était pas sécurisée, et qui a alerté l’Agence régionale de santé (ARS). L’ARS a ensuite contacté le médecin dont le nom figurait sur l’ordonnance, un neurologue de l’hôpital Lyon-sud. Il a porté plainte contre X en janvier, et une information a ainsi été ouverte. Après un signalement de l’ARS à toutes les pharmacies, les investigations ont permis d’identifier deux personnes : la femme de 29 ans, ainsi qu’un complice, un jeune homme de 19 ans, tous deux déjà connus des services pour des faits d’escroqueries. Lundi matin lors de l’interpellation, les policiers ont mis la main sur la marchandise et sur les fausses ordonnances. Ils ont interpellé les deux personnes identifiées, et aussi le mari qui tenait le rôle de « passeur », un Algérien inconnu des services. La boîte de 28 cachets de Rivotril est vendue 2,20 euros en pharmacie. Les mis en cause assurent revendre la boîte 25 euros en Algérie. Mais selon l’office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, le médicament serait plutôt revendu environ 7 euros le cachet. Les deux hommes, présentés au juge hier matin pour escroquerie et tentative d’escroquerie, ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire.
Seif-Eddine