Un acteur majeur de l’histoire de l’Algérie s’éteint,Le président Ahmed Ben Bella est mort

Un acteur majeur de l’histoire de l’Algérie s’éteint,Le président Ahmed Ben Bella est mort

Le premier président de l’Algérie indépendante est décédé hier après-midi à l’hôpital militaire Aïn Naâdja après une longue maladie. La dépouille se trouve en son domicile familial au Paradou (Hydra) à Alger. Il avait été admis à plusieurs reprises à l’hôpital ces derniers mois. Le président Ahmed Ben Bella qui est mort à l’âge de 96 ans est né le 25 décembre 1916 à Maghnia.

Ben Bella qui a rejoint le Parti du peuple algérien (PPA) que dirigeait le père du nationalisme algérien, Messali Hadj Ahmed, après les massacres du 8 mai 1945, a vite gravi les rangs puisqu’il sera membre de l’Organisation spéciale (OS) dont les chefs furent Ahmed Bouda, Ali Mahsas et Aït Ahmed. Auparavant, il avait été engagé dans l’armée française où il fut un brillant militaire durant la Deuxième Guerre mondiale puisqu’il a été promu adjudant et même eu la médaille qui lui a été décernée par le général De Gaulle en Italie.

Il faut dire qu’Ahmed Ben Bella s’est illustré dans une des batailles les plus dures du conflit, celle de Monté Cassino. Seulement, le général savait que le savoir-faire de ce brillant soldat servira la cause algérienne pour chasser les Français d’Algérie.

Connu pour avoir été boxeur et un excellent footballeur, puisqu’il avait joué à l’Olympique de Marseille, Ben Bella, après l’affaire du casse de la poste d’Oran en 1949, qu’il avait exécuté aux côtés d’Aït Ahmed afin de financer le PPA/MTLD, se fera arrêter en 1950 à Alger pour être incarcéré à la prison de Blida d’où il s’évadera avec son ami Ali Mahsas.

Il passera, selon des témoignages, une nuit à Doueret, à Blida, chez un militant avant de partir clandestinement vers la Tunisie puis l’Egypte où se trouvaient déjà Aït Ahmed et Khider, avec lesquels il représentera plus tard la délégation du FLN à l’étranger. Il rejoindra également le Bureau du Maghreb aux côtés du Tunisien Salah Ben Youssef et du Marocain Allal El Fassi.

On était en 1953 et ces deux pays maghrébins s’apprêtaient à avoir leur indépendance alors que l’Algérie n’avait pas encore tiré la première balle du 1er novembre 1954. Une fois libérés, ces deux pays allaient porter leur aide à l’Algérie et certains de leurs militants allaient même mourir pour l’Algérie, comme ce fut le cas à Saqiet Sidi Youcef, aux frontières algéro- tunisiennes.

C’est à cette période que Ben Bella avait rencontré au Caire le grand militant suisse de la cause algérienne, Charles-Henri Favrod. Il faut rappeler qu’il a été parmi les neuf chefs historiques du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA).

Il a été arrêté une deuxième fois en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf dans l’avion d’Air Atlas détourné le 22 octobre 1956 par les militaires français entre le Maroc et la Tunisie, alors qu’ils devaient se rendre au Caire, en Egypte. Après ce premier acte de piraterie aérienne de l’histoire, il sera détenu dans plusieurs prisons françaises, notamment au Fort Liedo, près de Fort Boyard, et à la Santé aux côtés de Khider, Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf.

Après avoir été plébiscité par tout le peuple pendant les trois premières années de l’indépendance, Ben Bella fut emprisonné suite à un coup d’Etat de Houari Boumediene, autre figure historique de la Révolution algérienne. Ahmed Ben Bella a passé près du quart de sa vie en prison. Après sa libération par le président Chadli Bendjedid, il a choisi de penser quelque peu à sa santé en choisissant d’aller vivre avec son épouse et ses deux enfants en Suisse.

Il continuera de militer tout de même pour certaines causes jusqu’à ce que sa santé l’en prive, notamment ces derniers temps, où il a été hospitalisé à plusieurs reprises. Durant son long parcours politique, il a eu plusieurs distinctions internationales et a été nommé, il y a quelque temps pour un deuxième mandat, président du comité des sages de l’Union africaine.

De son côté, le président Bouteflika a déjà décoré le défunt Ahmed Ben Bella et lui a toujours réservé une place d’invité d’honneur aux diverses festivités et commémorations, notamment les fêtes nationales du 1er Novembre et du 5 Juillet.

B. S