Les détenus palestiniens grévistes de la faim ont remporté une «victoire de la dignité»
«Tous les mouvements palestiniens ont signé un accord dans la prison d’Ashkelon (sud d’Israël) pour arrêter la grève de la faim», a déclaré le président du Club des prisonniers palestiniens.
Les détenus palestiniens d’Israël et l’administration pénitentiaire ont signé lundi soir un accord sous médiation égyptienne pour lever une grève de la faim massive en prison, dont la prolongation risquait de dégénérer en violences. Israël a accédé aux trois principales revendications des prisonniers: levée de la détention illimitée sans jugement, de l’isolement carcéral et autorisation des visites pour les prisonniers originaires de Ghaza, en échange d’un engagement signé à «s’abstenir de tout acte de terrorisme» ainsi que de toute nouvelle grève de la faim. «Tous les mouvements palestiniens ont signé un accord dans la prison d’Ashkelon (sud d’Israël) pour arrêter la grève de la faim», a déclaré à l’AFP le président du Club des prisonniers palestiniens, Qaddoura Farès. Le service de sécurité intérieure israélien, le Shin Beth, a affirmé dans un communiqué que «tous les détenus administratifs cessaient leur grève de la faim», ce qui n’a pas été confirmé de sources palestiniennes. L’avocat du Club des prisonniers, Jawad Boulos, et les leaders de la grève ont ensuite soumis l’accord aux grévistes de longue durée, dont les plus résistants, Thaër Halahla (qui sera relâché le 5 juin au terme de sa détention administrative) et Bilal Diab (libérable le 11 août). Ces derniers, membres du mouvement radical Jihad islamique, qui ont refusé toute nourriture pendant 76 jours, ont décidé de stopper leur grève de la faim, selon leur entourage. A Ghaza, le Hamas a salué une «victoire de la dignité», fêtée par des dizaines de milliers de ses partisans, selon un communiqué. Une dirigeante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hanane Achraoui, a salué une «victoire» estimant qu’elle démontrait que «la résistance non violente est un outil essentiel dans notre lutte pour la liberté».
Au moins un tiers des quelque 4700 détenus palestiniens d’Israël (dont plus de 300 en détention administrative) étaient en grève de la faim à la suite d’un mouvement collectif lancé le 17 avril, sept autres ayant cessé de s’alimenter depuis plus d’un mois et demi. «Tous les détenus administratifs seront libérés à l’issue de leur période de détention en cours, à moins que de nouvelles preuves ne soient présentées contre eux», a indiqué le Shin Bet. Les délégués des prisonniers ont signé un engagement à «s’abstenir de toute activité constituant un soutien effectif au terrorisme», souligne-t-il précisant qu’ils l’ont fait au nom de «tous les prisonniers de sécurité, de toutes les organisations et dans toutes les prisons israéliennes». L’envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU), Tony Blair s’est félicité de l’accord dans un communiqué, se déclarant «en particulier content que les autorités israéliennes aient accepté de lever l’isolement carcéral de tous les prisonniers». Il a «salué la décision importante de limiter le recours à la détention administrative», une disposition controversée héritée du mandat britannique sur la Palestine qui permet l’incarcération sans inculpation ni jugement pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment. «L’isolement carcéral sera levé dans 72 heures à compter de la signature de cet accord», a précisé le ministre palestinien des Prisonniers, Issa Qaraqaë. «Les visites des familles de Ghaza, qui en étaient privées depuis sept ans, recommenceront à être organisées dans un mois à partir de la signature», a-t-il ajouté.