Il y a trois jours, j’ai acheté 100 euros contre 13 100 DA. Le lendemain je suis retourné et le com- merçant m’a deman- dé 13 300 DA.
La valeur des devises et surtout de la monnaie européenne unique, l’euro, tend à prendre de l’envol sur le marché parallèle des devises, à tel point qu’un euro s’échange actuellement contre 135 DA au moment où il était d’environ 120 DA, il y a quelques jours seulement.
«J’avais des dinars à convertir et pour cela je me suis dirigé comme d’habitude vers une boutique située au niveau du marché Clauzel. Il y a trois jours, j’ai acheté 100 euros contre 13 100 DA. Le lendemain je suis retourné et le commerçant m’a demandé 13 300 DA. Après lui avoir demandé pourquoi cette hausse, il m’a expliqué que les devises se font de plus en plus rares ces jours-ci», raconte un jeune homme habitué des changes. La raison de cette hausse de la valeur de l’euro est selon les observateurs, due au fait que la devise se fait de plus en plus rare. A l’origine donc du recul de l’offre, il y a lieu de souligner la fructuosité de la lutte engagée par les services de sécurité con-tre des réseaux de trafic de devises qui sévissent à Alger et dans certaines wilayas de l’est du pays. Une lutte qui s’est soldée par l’arrestation d’individus qui faisaient dans le transfert illégal de devises. En effet, les investigations de la section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN) ont abouti à l’arrestation d’un réseau qui faisait dans le transfert à l’étranger de sommes astronomiques de devises. Sur place, la Gendarmerie avait saisi 15 millions de dollars, une importante somme en euros et une autre en rials saoudiens. Des sources sécuritaires ont fait savoir que le réseau appelé de «Hydra», a réussi à faire transférer en l’espace de 8 ans quelques 18 millions de dollars et 10 millions d’euros vers des comptes ouverts à travers le monde et principalement à Dubaï (EAU).
Outre l’arrestation des barrons de la devise, qui a créé une pénurie sur le marché des devises, il faut ajouter l’absorption des quantités disponibles sur le marché par les voyageurs voulant se rendre à l’étranger pour passer les fêtes de fin d’année. Car en cette période de l’année, la demande en la devise s’accroît sensiblement et la bourse du «Square Port-Saïd» en est très sensible à ce genre de demandes conjoncturelles, expliquent des cambistes clandestins. En l’absence d’agences de change officielles agréées par la Banque d’Algérie, les pratiques de changes informels continueront d’exister et ce, au vu et au su des autorités. Sur un autre registre, les voyageurs qui doivent changer des dinars contre une devise n’ont plus le choix que de se plier aux lois imposées par les cartels des places publiques. Car les quelques euros qu’ils obtiennent auprès des banques et établissements financiers en présentant leurs passeports et autres documents de voyages s’avèrent insignifiants et le recours au marché parallèle est quasi inévitable.
Par Hafid Mesbah