Le pape, combien de divisions ?» A la question de Staline devait correspondre une réponse de Winston Churchill. Le tsar new-look du puissant empire soviétique s’interrogeant non sans circonspection sur l’idée même de traiter d’égal à égal avec le Saint Siège dans le sens où dans la réalité brûlante du vingtième siècle, cette puissance spirituelle ne pouvait surtout pas se targuer de hauts faits d’armes durant les deux guerres mondiales et sans aller dans le détail, elle aurait même beaucoup de choses à se reprocher.
Sans qu’il n’y ait un réel apparentement, il n’est pas saugrenu non plus de s’interroger au jour d’aujourd’hui sur la sortie médiatique d’une Union générale des travailleurs algériens s’auréolant de propositions de nature – c’est du moins les conclusions des cadres qui en font la proposition – à endiguer et pourquoi pas éradiquer l’effrénée spéculation qui agite le marché, attentant au pouvoir d’achat des Algériens. La panacée, entre autres, la Centrale syndicale la résume en sept points. L’ouverture et l’organisation des marchés de gros d’abord.
Ce que n’a pas cessé de faire le gouvernement et sans doute la source de toute l’anarchie induite depuis. Et selon les prévisions de l’UGTA, l’ensemble des voies de sortie de crise proposées devrait accoucher de la création de 320 000 emplois et de 292 000 emplois indirects. En gros, 612 000 emplois, soit près du sixième des prévisions du ministre du Travail, lequel s’est engagé sur la création de 3 000 000 d’emplois d’ici à l’horizon 2014. Les deux parties n’ont plus qu’à s’adresser mutuellement des SMS de congratulations. Il ne faudrait toutefois pas négliger le fait qu’une telle opération coûtera quand même 574 millions de dollars. Ce qui pourrait être peu comme beaucoup. Quoique dans tous les cas de figure, chacun s’en remettra au «quand on aime on ne compte pas».
Question décor pour les années à venir au cas où les propositions de l’UGTA aboutiraient, ce qui n’est pas à exclure compte tenu de la fournée de mesures tous azimuts prises depuis quelques jours, il sera question dans la foulée de la création de structures ad hoc qui ne masquent, en réalité, que le retour d’entités à l’origine d’une formidable gabegie financière et d’une corrosion phénoménale des attitudes individuelles et collectives de milliers de travailleurs dont, a posteriori, la conséquence a été le démantèlement quasi général de l’économie nationale.
Il s’agit des Ofla, Onaco, et autres ORV et de leur prolongement, en l’occurrence les coopératives de consommation. Sans oublier, dans la foulée, la résurgence du fameux souk el fellah où tout le monde travaille peu et gagne beaucoup, notamment dans la spéculation et où l’Etat, en ce qui le concerne, dépense beaucoup et, s’il ne gagne pas, perd beaucoup.
Dans le rayon des apparentements ubuesques, dans son enquête, l’UGTA serait parvenue à établir que 10% des dépenses des ménages vont aux charges locatives, d’où la nécessité du soutien des prix des matériaux de construction pour répondre à la forte demande de logements (sic). Enfin, l’incontournable proposition qui, quelque part, est ce qu’est le sel dans un mets, consiste en l’allègement de la fiscalité et des facilitations douanières. La boucle ainsi bouclée, ce que les théoriciens de la Centrale syndicale semblent avoir oublié, c’est la très rapide et recommandée exhumation de la naphtaline du fameux statut général du travailleur (SGT) et, ce faisant, la réactualisation de la gestion socialiste des entreprises avec ses assemblées de travailleurs co-gestionnaires des entreprises.
Toutefois, par les temps qui courent, l’amnésie étant devenue un trait génétique chez l’ensemble des responsables algériens, c’est aussi et surtout à cause de ce modèle d’organisation importé que l’Algérie est dans la crise où elle se morfond actuellement, mais également que c’est pour avoir revendiqué ou du moins accepté de subir une conception de la société dictée, il y a quarante ans, que l’UGTA, toujours aux ordres, est à l’origine de la désarticulation du monde du travail qu’elle a ensuite contribué à démanteler à partir des années 90.
Morale de l’histoire : UGTA, combien de divisions ? Pas en termes de puissance d’une institution qui s’autoproclame force de proposition incontournable, contre-pouvoir, tout en étant partenaire indissociable du gouvernement, mais plutôt en divisions dans les rangs du monolithique bâtiment de la place du 1er-Mai, en multiplicité de voix discordantes, de compromis, de