Tweets haineux visant le recteur de la mosquée de Lyon : 2 militants condamnés

Tweets haineux visant le recteur de la mosquée de Lyon : 2 militants condamnés

Le tribunal judiciaire s’est intéréssé à une affaire d’incitation à la haine via les réseaux sociaux, avec pour victime Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon, d’origine algerienne.

Deux anciens membres de Génération Identitaire, un groupe d’extrême droite dissous en 2021, ont été condamnés le 21 février 2023 par le tribunal correctionnel de Lyon à quatre mois de prison avec sursis et à une amende de 5 000 euros à payer solidairement pour des tweets haineux visant Kamel Kabtane.

L’ancien porte-parole et l’ex-militant du groupe ont donc été accusés de « provocation publique à la haine » pour avoir ciblé Kamel Kabtane en 2020, l’accusant d’avoir appelé à la prière pendant le confinement. Cette attaque faisait suite à une polémique ayant éclaté en mars 2020, lorsque Kamel Kabtane avait lancé un appel à la prière depuis la mosquée de Lyon. Le recteur avait alors expliqué que le seul appel à la prière lancé pendant le confinement avait été en solidarité avec les soignants et qu’il avait été lancé en même temps que sonnaient les cloches de toutes les églises de France.

Malgré ces explications, les deux individus ont continué de prendre pour cible Kamel Kabtane. Le tribunal a considéré que leurs tweets étaient de nature à provoquer la haine envers le recteur et ont donc condamné les deux prévenus.

L’association de défense des droits des musulmans, le CCIF, s’est donc félicitée de cette décision qui constitue selon elle une avancée dans la lutte contre l’islamophobie. Pour sa part, Kamel Kabtane a déclaré que cette condamnation était « un message fort envoyé aux auteurs de propos haineux sur les réseaux sociaux ».

Incitation à la haine : les tweets des membres de Generation Identitaire

Pour rappel, pendant le confinement, Génération Identitaire avait projeté des images sur le minaret d’une mosquée pour protester contre les appels à la prière musulmane. En plus de cela, ils avaient lancé une pétition en ligne réclamant l’expulsion du recteur vers l’Algérie et publié plusieurs tweets haineux.

L’un de ces tweets montrait la photo de Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon, à côté de celle de Salah Abdeslam, un des participants aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Dans ce tweet, ils affirmaient que les deux hommes visaient « l’islamisation de la France ».

Bien que trois individus aient été impliqués dans cette affaire, un seul n’a pas pu être identifié. Lors de l’audience du 18 janvier, le procureur a requis une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis et une amende de 15 000 € contre les deux personnes qui avaient reconnu les faits devant les enquêteurs. Ces actions ont été largement critiquées pour leur intolérance et leur discrimination envers la communauté musulmane, contribuant à l’islamophobie et nuisant à la cohésion sociale.

Kamel Kabtane : portrait d’un leader de la communauté musulamne

Né en Algérie en 1943, Kamel Kabtane est arrivé en France en 1968 à l’âge de 25 ans. Kamel est le fils d’un entrepreneur musulman et d’une mére juive. Après la séparation de ses parents, sa mère décide de travailler comme aide-soignante à Constantine. Kamel Kabtane l’accompagne avec sa sœur. À l’âge de 18 ans, au moment de l’Indépendance, il prend la tête d’exploitations agricoles et poursuit sa formation dans des écoles spécialisées. En 1968, il suit sa mère, qui choisit de devenir française, à l’hôpital Edouard-Herriot de Lyon où elle est embauchée.

Depuis, il a donc acquérit un autre statut. Il est considéré comme un leader influent de la communauté musulmane en France, a longtemps travaillé pour structurer la religion en France.

Il a fondé l’Association culturelle lyonnaise islamo-française en 1980 et a grandement contribué à la construction de la Grande mosquée de Lyon, où il est devenu le recteur en 1994.

En 2003, il a créé le Conseil national du culte musulman (CNCM) et en 2012, il a lancé un projet de formation des imams en collaboration avec l’université catholique de Lyon et l’université Jean Moulin Lyon 3. Cependant, en 2011, il a quitté le Conseil français du culte musulman en raison de l’ingérence de pays étrangers. Actuellement, il est le Président de l’Institut Francais de Civilisation Musulmane (IFCM) et membre de la Fondation de l’Islam de France (FIF).