Des heurts entre la police et des manifestants ont éclaté dimanche dans le sud-est de la Turquie, au lendemain du décès de deux protestataires kurdes.
La police a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage de canons à eau contre les manifestants qui ont lancé des pierres et mis le feu à des barricades lors des funérailles de l’une des deux victimes décédées à Lice, dans la province à majorité kurde de Diyarbakir, a rapporté un journaliste de l’AFP présent sur place.
Samedi, deux manifestants kurdes âgés de 24 et 50 ans sont morts des suites de leurs blessures par balle, à la suite de violents affrontements entre des soldats turcs et des Kurdes qui protestaient contre le projet du gouvernement de construire de nouveaux postes militaires à Lice.
« Guerre, guerre, guerre ! Non à la paix! », scandaient les milliers de personnes qui assistaient aux obsèques, parmi lesquelles figuraient des avocats, qui défilaient derrière une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Vengeance ».
De brèves échauffourées ont aussi éclaté entre la police et des opposants kurdes à Bagcilar, un quartier ouvrier d’Istanbul, ainsi qu’à Hakkari, une autre ville du sud-est peuplée majoritairement de Kurdes.
L’armée turque a indiqué dans un communiqué publié dimanche que les affrontements de la veille s’étaient produits après que les forces de l’ordre eurent été attaquées avec des tirs à balles réelles, des grenades artisanales et des cocktails Molotov, qui ont fait un blessé du côté des militaires. Selon l’armée, l’un des deux tués était un « militant ».
Les services du gouverneur de Diyarbakir ont également indiqué que les violences étaient le résultat d’une « attaque armée contre les forces de l’ordre qui assurent la sécurité sur la route de Diyarbakir-Bingol ».
Des témoins ont indiqué à l’AFP que les soldats aussi avaient tiré à balles réelles durant les affrontements.
La tension a monté à Lice depuis que les protestataires ont bloqué une route il y a deux semaines dans la zone de construction de nouveaux postes militaires dans cette région à majorité kurde.
Les discussions entre le gouvernement et le chef du PKK Abdullah Öcalan, qui purge une peine de prison à vie dans le nord-ouest de la Turquie, sont bloquées depuis des mois.
Le mouvement rebelle a décrété un cessez-le-feu unilatéral en mars 2013 et ordonné deux mois plus tard un retrait de ses combattants vers leurs bases du nord de l’Irak. Mais il a suspendu ce retrait en septembre 2013, reprochant au gouvernement de ne pas avoir tenu ses promesses d’accorder de nouveaux droits à la minorité kurde.
Le conflit entre les forces gouvernementales turques et les rebelles du PKK a fait plus de 45.000 morts depuis 1984.