La Turquie consolide sa puissance régionale et commence à gagner du terrain dans le monde arabe en proie à des révolutions face à un Israël plus que jamais isolé.
Le Premier ministre turc a lancé, hier, mardi, au Caire, un appel pressant à la reconnaissance d’un Etat palestinien à l’ONU, et apporté son soutien aux «revendications légitimes» exprimées par les révoltes arabes, au début d’une tournée dans les pays du «Printemps arabe». Recep Tayyip Erdogan a affirmé au siège de la Ligue arabe que la reconnaissance d’un Etat palestinien n’était «pas une option, mais une obligation», en référence à la demande que les Palestiniens s’apprêtent à présenter aux Nations unies. «Avant la fin du mois, nous allons voir une Palestine avec un statut très différent à l’ONU», a prédit le dirigeant turc.
Ce dernier a accusé Israël de «continuer à prendre des mesures irresponsables qui sapent sa légitimité» et a affirmé que «la politique agressive du gouvernement israélien menace l’avenir du peuple israélien». Il a réaffirmé qu’Ankara n’avait pas l’intention de normaliser ses relations tant qu’Israël n’aura pas présenté d’excuses pour le raid, en 2010, des forces israéliennes contre un ferry turc qui tentait de forcer le blocus imposé à la bande de Gaza. Neuf militants turcs avaient été tués. «Il est hors de question que la Turquie normalise ses relations avec Israël tant que l’Etat hébreu n’aura pas présenté des excuses, payé des réparations et levé le blocus de Gaza, a-t-il déclaré. La Turquie a décidé, début septembre, d’expulser l’ambassadeur d’Israël. Le Caire, où il est arrivé lundi soir, est la première étape d’une tournée de M. Erdogan dans trois pays où le «Printemps arabe» a fait chuter des dirigeants autocratiques. Populaire parmi les Arabes pour ses virulentes attaques verbales contre l’Etat d’Israël, il a été accueilli par une foule de quelque 3 000 admirateurs, lundi dernier, à son arrivée à l’aéroport du Caire. Il doit se rendre aujourd’hui en Tunisie, puis demain jeudi en Libye. «La liberté, la démocratie et les droits de l’Homme doivent être un mot d’ordre unificateur pour l’avenir de nos peuples», a-t-il dit dans son discours au siège de la Ligue arabe. «Les revendications légitimes du peuple ne peuvent être réprimées par la force et dans le sang», a-t-il ajouté.
«L’Histoire s’est écrite à Tahrir et cela signifie beaucoup pour nous», a-t-il dit plus tard à l’issue d’un entretien avec son homologue égyptien, Essam Charaf, en référence à la célèbre place du Caire où se sont déroulées les plus grandes manifestations contre le régime de l’ancien Président Hosni Moubarak. Il a rencontré, hier, mardi, le chef du conseil militaire qui dirige le pays depuis la chute du Président Moubarak en février, le maréchal Hussein Tantaoui. Plusieurs accords économiques ont été signés. Les deux pays ont exprimé leur souhait de voir les échanges commerciaux bilatéraux passer de 3 milliards de dollars par an à 5 milliards dans les prochaines années.
R. I. / Agences