Turquie: la contrée ou l’on peut jeûner tout en faisant du tourisme, Un Ramadhan au pays de l’islam tolérant

Turquie: la contrée ou l’on peut jeûner tout en faisant du tourisme, Un Ramadhan au pays de l’islam tolérant

Un Ramadhan au pays de l'islam tolérant

Le mois sacré dans l’ex-Empire ottoman est une véritable expérience qui nous fait voyager dans le temps avec des mythes et des rites qui lui donnent une authenticité comme celle que nos aïeux nous contaient. Tout cela avec une grande spiritualité, mais surtout un grand esprit de tolérance et de partage. Appréciez- plutôt ce Ramadhan pas comme les autres…

Voyager durant le Ramadhan est une chose impensable pour beaucoup d’entre nous. On préfère rester bien au chaud à la maison avec l’ambiance ramadhanesque du pays et surtout le bon «bourek» et la bonne «chorba» faits maison. C’est donc en véritable «corvée» que nous prenons la direction de la Turquie en ce 8e jour de ce mois sacré pour vous ramener un reportage sur le Ramadhan d’ailleurs. Nous appréhendons terriblement d’être loin de la bonne marmite de maman surtout que notre vol de la compagnie Turkish Airlines est prévu en fin d’après-midi et l’iftar devra donc se faire à plus de 3000 mètres d’altitude. Qu’allons-nous manger? Comment allons-nous faire? Quand saurons-nous que c’est l’heure de rompre le jeûne? Tant d’interrogations qui se sont dissipées dès que nous sommes montés à bord avec les assurances d’un personnel très souriant qui nous explique que tout était prévu pour nous assurer un vol et surtout un jeûne parfaits! Coussins pour faire une sieste, écrans DVD avec films, musiques et Internet sont là pour nous faire patienter. Avec beaucoup de tact, les hôtesses passent demander aux passagers qui a fait Ramadhan ou non pour le servir maintenant ou plus tard. Une façon de satisfaire tous les passagers sans exception, qu’ils jeûnent ou pas. Cette attention ô combien symbolique nous plonge dans un esprit de tolérance qui nous change complètement du rejet de l’Autre que nous vivons dans notre société. On sert les non-jeûneurs et on revient à l’heure de l’iftar chez les jeûneurs pour leur servir leur très bon repas spécial Ramadhan soigneusement concocté par les chefs cuisiniers de la Turkish qui n’ont laissé aucun détail au hasard. Du «l’ben» et des dattes pour rompre le Ramadhan à la façon traditionnelle en passant par deux menus au choix, poulet ou végétarien, jusqu’au café ou thé accompagné d’une bonne friandise turque pour faire passer notre copieux repas, qu’il est utile de signaler, est en classe économique! C’est donc un voyage des plus agréables que nous effectuons et qui nous fait oublier la fatigue du jeûne.

Et les préjugés s’évaporent!

Il est plus de 23 heures en Turquie au moment où l’on atterrit sur le tarmac du magnifique aéroport international Atatürk, dont le seul nom nous fait rêver! Malgré l’heure tardive et la dure journée que nous avons passée, nous sommes en superforme grâce au vol agréable dont nous venons de profiter! Ce qui nous permet de pouvoir sortir après notre installation au Matiat Hôtel Istanbul, qui se trouve au coeur de la vieille ville et proche de plusieurs lieux intéressants comme Basilica Cistern, Golden Horn et Kucuk Hagia Sophia Mosque. Il est aussi près des quartiers d’affaires, du marché Beyazit très apprécié par les Algériens et du tout aussi prisé marché de l’or appelé Serkadji. Nous allons prendre le pouls de cette ville lointaine par sa distance mais si proche de nous par ses traditions et son histoire. Il est minuit passé, on se pavane dans les rues de la vieille ville qui nous font un peu rappeler notre Casbah. On est plongé dans une ambiance très orientale. Les petits marchands de fruits à consommer directement tels que les pastèques donnent plus de charme à cette ambiance. On vend aussi sur les trottoirs des jus de fruits pressés sur place, des friandises turques, des arachides, du thé,… Même si cela se fait comme chez nous à même la chaussée, cela n’a rien avoir avec nos marchands informels en termes d’organisation, de propreté et de qualité des produits. On continue cette balade nocturne parsemée des effluves de «chicha» et d’épices qui se dégagent des cafés et restaurants restés encore ouverts à cette heure-ci durant cette période de l’année. Tout cela est enrobé de belles musiques turques. Il n’y a plus de doute, on est bien en Orient express… Mais ce qui nous marque le plus dans cette ambiance orientale c’est de voir les gens se balader tranquillement avec une insouciance déconcertante même dans les quartiers les plus populaires d’Istanbul. Les jeunes filles en foulard ou en mini-jupe se promènent avec une assurance déconcertante en pleine nuit sans que personne ne les embête ou leur lance le moindre regard gênant. C’est un véritable plaisir de voir des hommes, femmes, jeunes et vieux se partager la rue sans aucun souci. Nous continuons notre balade sans voir le temps passer, soudain on voit un homme qui joue du tambour en faisant le tour des quartiers. Mais il est fou à faire autant de bruit à cette heure-ci? Il va réveiller tout le monde! Au fait, on nous explique que là est le but. C’est une tradition de faire le tour des quartiers pour réveiller les «Stamboulites» pour le s’hour. Cet éclaircissement réveille en nous des souvenirs que nous racontaient nos grands-parents à propos du «bendir» qui retentissait à Alger à l’heure du s’hour. On comprend d’où on a hérité de cette tradition que nous avons par la suite perdue… Tout heureux de cette première soirée qui a déjà dissipé nos préjugés sur un pays gouverné par un parti d’obédience islamiste, on va se coucher pressé de se réveiller pour profiter d’un Ramadhan qu’à la base on souhaitait passer à la maison mais qui au final on ne regrette pas d’un iota de le passer ici, bien au contraire…

Le Ramadhan, un jour normal jusqu’à l’iftar

Le lendemain matin, c’est un vendredi jour de prière. En ce mois de Ramadhan, on imagine que tout est fermé en cette journée sacrée. Pas un commerce, pas un musée. Rien, comme à Alger et on risque de perdre notre journée. Mais stupéfaction. C’est complètement le contraire que nous découvrons. Tout est ouvert. Les restaurants et cafés sont bondés de monde. Touristes, Turcs de confessions autres que musulmane ou tout simplement non pratiquants y sont attablés sans que cela ne soulève un scandale national. Dans les jardins publics, les gens mangent à leur aise ou fument sans qu’un regard ne leur soit lancé. Les jeûneurs n’affichent aucune animosité envers eux. Ils ne les remarquent même pas! Adnan, un musulman pratiquant et jeûneur, les sert même dans son restaurant qu’il laisse ouvert pendant le Ramadhan. Une véritable leçon de tolérance. Tout le monde est libre de ses croyances et de ses choix tant qu’il ne gêne pas les autres. Le meilleur symbole de ce bon vivre-ensemble est les cours des mosquées où se côtoient les touristes étrangers avec les Turcs dans toute leur diversité. A l’appel de la prière du vendredi, à la mosquée Sultan Ahmet Camii plus connue sous le nom de la «Mosquée bleue», on voit les fidèles aller prier sans se sentir agressés par la longueur des jupes ou les sandwichs des gens qui se trouvent à côté. Et vice versa! Ceux qui veulent y pénétrer se couvrent la tête et le corps par respect à ce lieu sacré. Les magnifiques vitraux qui ornent les fenêtres du fond de la mosquée symbolisent à eux seuls cette intercommunautarité d’Istanbul qui permet le bien-vivre ensemble. C’est la même chose au niveau de la mosquée Eyüp Sultan (Eyup Sultan Camii) où l’esplanade qui y fait face a été aménagée en lieu de loisirs, avec des restaurants, magasins, espaces de divertissements pour les enfants. Des spectacles culturels y sont même organisés pour donner vie à cette mosquée très prisée par les Turcs, malgré sa petite taille. Car, en plus de cette animation qui est faite autour, la mosquée d’Eyüp Sultan est surtout un lieu de pèlerinage. C’est ici que fut enterré un des compagnons du Prophète Mohammed (Qsssl) et c’est ici que vous ressentirez une atmosphère extraordinaire où les musulmans turcs viennent se recueillir, prier et fêter la circoncision de leurs enfants. La mosquée n’est pas très grande si on la compare à d’autres mosquées de la ville, mais c’est celle qui suscite le plus d’émotion pour un musulman. Pour la belle architecture, il faut sans aucun doute se rendre à la Mosquée bleue. C’est l’une des plus célèbres et parmi les plus belles mosquées d’Istanbul et du Monde musulman. La mosquée est dotée de six minarets, dont la forme élancée est spécifique à l’architecture ottomane. Quatre minarets encadrant le bâtiment principal à coupole, tandis que deux autres marquent les angles de la cour attenante. La Mosquée bleue doit son nom à la faïence bleue d’Iznic qui en recouvre les murs. Faisant face à la célèbre «Sainte Sophie» (Aya Sofia en Turc), église byzantine du VIe siècle de l’ère chrétienne, cet édifice de l’architecte Mehmet Agha bâti entre 1609 et 1617 la surpasse en beauté, ainsi qu’en finesse. Mais cette église mérite aussi un petit détour tout comme le palais de Topkapý qui est un lieu incontournable d’Istanbul. Il est la résidence urbaine, principale et officielle du sultan ottoman. Le palais est construit sur l’emplacement de l’acropole de l’antique Byzance. Il domine la Corne d’Or, le Bosphore et la mer de Marmara. Le nom de «Topkapý Sarayý» signifie littéralement «palais de la porte des canons», d’après le nom d’une porte voisine aujourd’hui disparue. Il s’étend sur 700.000 m² (70 ha), et est entouré de cinq kilomètres de remparts.

Toute la Turquie en miniature…

Les édifices touristiques ne manquent pas à Istanbul et on risque de s’y perdre tellement, ils sont nombreux. C’est pour cela qu’un petit tour au Miniatürk Park, la Turquie et Istanbul en miniature, est conseillé après avoir fait les incontournables visites à la Mosquée bleue, Aya Sofia et Topkapý. Miniatürk est un parc situé sur la Corne d’or, inauguré en 2003 et où sont présentés une centaine de monuments de différents lieux de Turquie. De quoi vous permettre de faire votre choix sur les lieuX à voir en vrai, mais ces maquettes sont aussi très impressionnantes. Après, ce petit tour à Miniatürk, il faut absolument faire une escale à Pierre Loti qui n’est pas très loin et qui permet d’avoir un superbe point de vue d’où vous aurez la chance d’observer la Corne d’or, voire les monuments du quartier de Sultanahmet lorsque le ciel est vraiment dégagé. Parmi les incontournables d’Istanbul il y a aussi la place Taksim et la rue el Istiklal. La Taksim signifie «partage» désigne le bassin de répartition des eaux qui a donné son nom à la place. Cette place est aujourd’hui l’un des principaux noyaux d’Istanbul. Réalisé par l’architecte italien Canonica, le monument figurant sur la place commémore la guerre d’Indépendance.

Il y a aussi un grand parc qui n’a rien à envier au Central Parc américain avec même des marchands à la sauvette, qui proposent de la nourriture turque.

En continuant sur cette place, il faut longer la fameuse rue d’El Istiklal qui est un mélange entre l’Istanbul d’hier et d’aujourd’hui avec ses magasins modernes, ses pubs et restaurants qui sont traversés par le tramway rouge, historique, d’Istanbul. La place Taksim et la rue El Istiklal sont également l’Istanbul qui ne dort jamais, où c’est la fête à longueur d’année… même pour le Ramadhan. Il est également utile de signaler que le transport public ne pose pas du tout problème à Istanbul. On peut aller facilement d’un endroit à un autre de la ville sans se ruiner avec le tramway, métro, et bus qui couvrent toute la ville. Les taxis sont empruntés que quand on veut un peu de tranquillité. Il y a aussi le métrobus qui est un bus qui traverse l’autoroute d’Istanbul au milieu, dans une voie qui lui est réservée, ce qui lui permet de faire le tour de la ville sans s’arrêter. On peut ainsi faire tranquillement le touriste.

Une croisière pour «l’iftar»

Ces visites touristiques qui n’en finissent pas nous font oublier le jeûne. Le temps passe très vite et on ne se rend pas compte de la journée qui file jusqu’au moment où l’on est surpris par les coups de canon, qui signifient que le jeûne est terminé, une autre tradition qui existait il n’y a pas si longtemps chez nous. Pour cet iftar, nous allons vous raconter trois façons différentes mais ô combien originales! D’abord sur un bateau avec une croisière sur le Bosphore où l’on peut admirer le côté européen et le côté asiatique d’Istanbul. On peut avoir face-à-face deux continents coupés par un détroit! Incroyable, comment la nature peut être surprenante. On découvre ainsi Istanbul vue de mer en admirant les beautés des rives asiatique et européenne du Bosphore. On apprécie un iftar unique dans son genre accompagné d’un spectacle traditionnel: musique avec orchestre d’ambiance, danseuse du ventre, groupe de folklore de différentes régions de la Turquie, à la fin la piste est à nous… pour nous éclater dans une ambiance bon enfant et très familiale. On peut aussi admirer par le pont supérieur les villas «yali», les palais ottomans, les forteresses du début du XVe siècle, les mosquées, les églises, et bien sûr les ponts intercontinentalux d’Istanbul etc. C’est une expérience à vous couper le souffle. Toutefois, l’iftar qui marque les esprits à Istanbul est celui qui est fait de façon collective pour marquer la vraie valeur du Ramadhan qui est le partage! Ce n’est pas comme chez nous ou on se «bat» toute la journée chez tous les marchands du pays en achetant avec des yeux plus gros que le ventre. A Istanbul, on vit notre journée le plus normalement du monde et on ne se rend compte que c’est Ramadhan qu’à la fin de la journée en voyant les gens installer leurs nappes sur les principaux endroits de la ville pour des iftars collectifs très conviviaux. Si vous passez par là-bas, au moment de la rupture du jeûne vous y êtes cordialement invité pour partager avec les Stamboulites leur repas et avoir de longues discussions avec eux. Un moment privilégié qui démontre l’importance de ce mois sacré dans les relations humaines! Pour conclure notre superbe voyage, on a eu un petit cadeau de la part de Turkish Airlines pour nous offrir un iftar encore plus exceptionnel que les deux premiers auxquels nous avons eu droit. On a rompu notre jeûne au niveau du VIP Lounge Turkish Airlines à l’aéroport international Atatürk. Il vient d’être élu meilleur salon business au monde. Et on comprend pourquoi! Avec ses salons de repos, ses douches, ses chambres, ses salles de prière, de sport, de massage, mini-golfs, salles de jeux… Une véritable ville tranquille où l’on peut se reposer en attendant de prendre l’avion! Nous quittons donc le coeur lourd cette ville exceptionnelle qu’est Istanbul avec la promesse de revenir le plus vite possible à la «Sublime Porte» ottomane! Cette terre de l’islam tolérant nous a incontestablement ensorcelés…

Sami Fevzioglu, directeur de la première agence de voyages turque en Algérie

«Il y a jusqu’à 70% de remises sur les séjours ramadhanesques»

Rotana Travel & Tourism est la première agence de voyages turque installée en Algérie, au niveau de la rue Hassiba Ben Bouali, Alger. Son directeur Sami Fevzioglu, qui se dit très proche de l’Algérie affirme que le mois de Ramadhan est très propice au tourisme en Turquie. «Même si dans nos traditions, on aime bien

rester à la maison», souligne-t-il. «Mais il faut savoir que la Turquie offre toutes les conditions propices pour passer un séjour des plus agréables durant le mois sacré avec des programmes spécial Ramadhan, tous les endroits historiques et spirituels qu’elle propose mais également des activités culturelles diverses», explique-t-il. Cerise sur le gâteau, il révèle que les prix baissent en cette période de 50 à 70%. «Que ce soit avec les billets d’avion de la Turkish Airlines ou les hôtels», soutient-il en précisant au passage que son agence qui a ouvert depuis presqu’un an en Algérie permet d’offrir à ses clients les meilleurs prix, vu qu’elle traite directement avec les partenaires turcs. «On a aussi des facilités pour obtenir les visas très rapidement», conclut-il tout sourire.