Turquie : La consule d’Algérie en justice pour «harcèlement» sur son employée

Turquie : La consule d’Algérie en justice pour «harcèlement» sur son employée

Une femme de ménage employée par le Consulat général d’Algérie à Istanbul réclame à la représentation diplomatique 35 000 euros de dommage pour « avoir été traitée comme une esclave et licenciée sans raison après 13 ans de travail ».

Selon le quotidien turc Milliyet, dans son édition du 26 mai, Hülya Altaş met directement en cause la consule générale Bahia Lebcir, contre laquelle elle a intenté un procès pour « mobbing » – harcèlement moral au travail – suivi d’un licenciement abusif.

A l’origine des faits, raconte Mme Altaş dans les colonnes de Milliyet, la consule aurait exigé d’elle de s’acquitter du ménage en dehors de son lieu de travail qu’est le consulat général et de le faire dans sa résidence personnelle.

Ce que conteste la défense du consulat, qui justifie le licenciement par l’« absence au travail de Mme Altaş ». Employée en qualité de femme de ménage au Consulat général d’Algérie depuis 13 ans, Mme Altaş, 45 ans, qui déclare être entrée en conflit direct avec Bahia Lebcir, désignée au poste de consule générale en 2014, a expliqué au 4e Tribunal du travail d’Istanbul que « la consule générale l’a chargée de tâches dont elle n’est pas responsable » et qu’« elle l’a forcée à faire nettoyer sa résidence et à servir ses invités durant l’Aïd El Kebir 2015 ».

En réponse à la défense qui prétend qu’elle s’était absentée de son lieu de travail, la plaignante a précisé qu’« elle a eu des problèmes de santé à cause du mobbing exercé, ce qui l’a conduit à prendre un repos forcé ». « De retour de mon repos, on ne m’a pas permis de rentrer au consulat » et c’est à ce moment qu’elle « a appris que son contrat de travail a été résilié unilatéralement », relate-t-elle encore.

Pour son avocat, Erdost Balcı, cité par le journal, « il est difficile de prouver le mobbing. C’est pourquoi nous avons basé notre plaidoirie sur un licenciement abusif ». A l’inverse, Ahmet Sert, l’avocat du Consulat général d’Algérie à Istanbul, a affirmé que « la tâche de nettoyer la résidence de Mme la consule en dehors des locaux du consulat général existe dans le contrat de travail de Mme Altaş. Cela n’est pas une tâche hors contrat. Mme Hülya Altaş a fait face à des problèmes de santé, elle a négligé ses obligations ». « Elle a même précisé dans sa déclaration qu’elle s’évanouissait souvent. De plus, la consule générale a dit à Mme Altaş par l’intermédiaire d’un traducteur de lui ramener un rapport médical d’un hôpital et qu’elle pouvait travailler aussi à la résidence du consulat où les charges de travail sont moins importantes. Mais cette proposition n’a pas été acceptée par Mme Altaş. Elle n’est plus revenue au travail. Le Consulat général lui a alors envoyé un avertissement le 25/12/2015 suivi de 3 autres avertissements, mais elle n’est pas revenue au travail ni n’a présenté de rapport médical.

Il n’y a pas d’abus dans son licenciement », poursuit M. Sert. Mais Mme Altaş persiste et signe ! Elle dit n’avoir jamais eu de problème avec les anciens consuls généraux, mais la dernière en date, Mme Lebcir, lui faisait du « mobbing ». « La nouvelle consule s’est comportée très mal avec moi depuis qu’elle est arrivée et elle m’a demandé de me charger de ses effets personnels. Elle m’a menacé quand j’ai refusé. On a distribué de la viande lors de l’Aïd mais Mme la consule m’a accusée de vol quand elle a vu cette viande dans mes mains », relate-t-elle. Elle explique qu’après un séjour hospitalier sanctionné par un rapport médical, elle avait bien tenté de le remettre au consulat général mais « l’agent de sécurité m’a dit qu’il ne pouvait pas la laisser entrer sous l’instruction de Mme la consule. J’ai appris par la suite qu’on m’avait licenciée en raison de mes problèmes de santé», se défend-elle.