Le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé, vendredi 1er mai, un important remaniement ministériel qui a été approuvé par le chef de l’Etat, Abdullah Gül, marqué notamment par l’arrivée au ministère des affaires étrangères de son influent conseiller diplomatique, Ahmet Davutoglu. Ali Babacan, le précédent chef de la diplomatie, redevient responsable de l’économie turque, avec la lourde tâche de coordonner l’action de toutes les institutions économiques dans un pays qui connaîtra probablement une récession cette année.
La nomination de M. Davutoglu constitue quant à elle un événement rare dans les annales de la vie politique turque parce qu’il n’est pas député. Professeur de relations internationales, il est l’artisan du retour en force de la Turquie sur la scène diplomatique. C’est grâce à son initiative en vue de faire de la Turquie un « facilitateur de la paix » au Proche-Orient que des diplomates syriens et israéliens se sont retrouvés quatre fois en 2008 à Istanbul, pour tenter de normaliser les relations entre leurs pays.
« LE CHANGEMENT APPORTE UNE NOUVELLE DYNAMIQUE »
Autre changement significatif : l’ancien président du Parlement, Bülent Arinc, vieux compagnon de route de M. Erdogan dans l’islam politique et qui, de ce fait, a souvent provoqué l’ire des milieux favorables à la laïcité par des remarques jugées comme allant à l’encontre des principes laïques de l’Etat turc, devient l’un des trois vice-premiers ministres.

Huit ministres, dont ceux de la justice, de l’enseignement, des finances et de l’énergie, ont perdu leur poste. La nouvelle équipe compte deux ministres femmes au lieu d’une seule dans la précédente. Nimet Cubukçu, la ministre d’Etat sortante responsable de la famille, a été nommée ministre de l’enseignement et Selma Aliye Kavaf, qui fait son entrée au gouvernement, la remplace.
Ce remaniement intervient à la suite des élections municipales qui ont eu lieu en mars et dans lesquelles le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), a obtenu un score inférieur aux attentes de son chef, M. Erdogan, même s’il les a remportées. « De temps en temps, le changement apporte une nouvelle dynamique », a commenté M. Erdogan en annonçant les noms de ses nouveaux ministres.