Turquie / Bras de fer manifestants – gouvernement, Le pourrissement ?

Turquie / Bras de fer manifestants – gouvernement, Le pourrissement ?
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La police turque a arrêté près de 600 personnes hier dimanche à Istanbul et Ankara dans les manifestations antigouvernementales qui secouent le pays depuis plus de deux semaines.

«Environ 460 manifestants ont été interpellés par la police à Istanbul hier (dimanche)», a indiqué à l’AFP un responsable du barreau d’Istanbul sous couvert d’anonymat. Après leur interrogatoire, ces personnes seront remises en liberté ou déférés devant un procureur, a-t-il souligné.



A Ankara, autre théâtre d’affrontements, «entre 100 et 130 personnes ont été interpellées» durant cette même journée d’hier, a précisé une responsable du barreau de la capitale. Toute la journée d’hier a été émaillée d’accrochages entre la police et des milliers de manifestants dans ces deux métropoles turques, après l’évacuation par la force samedi soir du parc Gezi, le bastion des protestataires.

Deux des principaux syndicats turcs ont appelé à la grève générale aujourd’hui pour protester contre la répression brutale des rassemblements à Istanbul, Ankara et dans plusieurs villes du pays tout au long du week-end. Les manifestants, souvent issus d’une jeunesse turque, première bénéficiaire des succès économiques de M. Erdogan mais qui lui reproche de saper les fondements laïques de la république, ont accusé le coup après l’assaut samedi soir contre le parc Gezi et la place Taksim, berceau de la contestation depuis le 31 mai. Dans la journée d’hier, alors que le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, tenait un meeting devant plus de 100 000 partisans de son Parti de la justice et du développement (AKP), des accrochages continuaient d’opposer les forces de l’ordre à des groupes de manifestants tout autour de la place Taksim. A plusieurs reprises, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour les empêcher d’approcher. Pour la première fois depuis le début de la crise, des unités de gendarmerie sont venues renforcer la police, notamment en barrant l’entrée d’un des deux ponts qui enjambent le Bosphore pour empêcher les manifestants venus de la rive anatolienne de la ville de prêter main forte à ceux qui font le coup de poing côté européen.

A Ankara, la police a également dispersé à plusieurs reprises des centaines de personnes qui tentaient de se réunir sur la place Kizilay, le cœur de la contestation dans la capitale. Partout, les manifestants ont assuré qu’ils ne baisseraient pas les bras. «Je n’abandonnerai pas», a assuré à l’AFP Mey Elbi, une professeur de yoga de 39 ans délogée du parc Gezi. «Nous sommes en colère, tout ça n’est pas fini», a-t-elle ajouté, «le monde a vu qu’ensemble, nous pouvions tenir tête à Tayyip».

Pour l’heure et selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs publié plus tôt dans la semaine, 4 personnes sont mortes et près de 7 500 autres ont été blessées.

R. I. / Agences

Menace de répression contre la grève

Le ministre turc de l’Intérieur, Muammer Güler, a jugé ce matin «illégal» l’appel à la grève générale lancé par de deux grands syndicats d’ouvriers en soutien de la contestation antigouvernementale, affirmant que toute manifestation serait réprimée. «Il y a une volonté de faire descendre les gens dans la rue par des actions illégales comme un arrêt de travail et une grève», a dit M. Güler à la presse à Ankara, ajoutant que les forces de l’ordre «ne le permettront pas». «Il est impossible de comprendre l’insistance à poursuivre les manifestations» qui secouent depuis plus de deux semaines les grandes villes de Turquie, notamment Istanbul et Ankara, a indiqué le ministre. Le collectif de syndicats, dont deux grandes centrales d’ouvriers et de fonctionnaires (DISK et KESK) qui regroupent près de 700 000 membres, ont prévu de se réunir à 16H00 locales (13H00 GMT) à Istanbul et de défiler jusqu’à la place Taksim, bouclée désormais par la police.

Démonstration de force

«J’ai dit que nous étions arrivés à la fin. Que c’était devenu insupportable. Hier, l’opération a été menée et (la place Taksim et le parc Gezi) ont été nettoyés», a lancé M. Erdogan sous les vivats de la foule, la plus importante rassemblée depuis le début de la crise qui secoue la Turquie. «C’était mon devoir de Premier ministre», a-t-il ajouté, arpentant de long en large l’immense estrade en bras de chemise. «Nous n’abandonnerons pas cette place aux terroristes», a insisté le dirigeant turc, en référence aux drapeaux ou aux banderoles de certains mouvements politiques interdits qui avaient été déployés sur la place Taksim. Pendant près de deux heures d’un discours au ton accusateur, M. Erdogan a fustigé les médias internationaux complices des «terroristes», le Parlement européen qui dépasse les «limites» et les «pillards» qui détruisent le pays