Les autorités de transition en Tunisie ont annoncé, hier mardi, l’arrestation de quatre complices mais, surtout, l’identification de l’assassin de l’opposant Chokri Bélaïd. Sans surprise, ils s’avèrent tous être des islamistes du mouvement salafiste, la branche la plus radicale de la mouvance intégriste tunisienne.
C’est l’encore ministre de l’Intérieur et néanmoins nouveau Premier ministre, Ali Lareyadh, qui l’annonçait dans la journée d’hier mardi : «Le tueur a été identifié et il est pourchassé», tandis que «les quatre autres suspects ont été arrêtés. Ils appartiennent à un courant religieux radical. Ils sont tous de nationalité tunisienne», ajoute Lareyadh, cité par l’AFP, lors d’une conférence de presse. Selon le même responsable, les complices avaient pour mission le repérage de la victime et l’un d’eux «a avoué avoir accompagné le tueur le 6 février dernier». En somme, la méthode classique chez les terroristes islamistes et qui rappelle bien les macabres entreprises similaires du FIS dans les années 1992-1994 avec les débuts de la série d’assassinats individuels qui s’abattait sur les intellectuels, journalistes, artistes, hommes politiques, etc. L’annonce en question n’a pas pour autant empêché la veuve de Chokri Bélaïd, Mme Besma Bélaïd, d’exiger l’identité des commanditaires de cet assassinat politique qui a ébranlé la Tunisie. «C’est bien beau de savoir qui a exécuté mais pour moi, c’est très important de savoir qui a commandé, comme cela a été fait car c’est un crime très organisé.» La veuve de Chokri Bélaïd veut-elle insinuer une quelconque complicité de l’autre parti islamiste, au pouvoir celui-là, Ennahda en l’occurrence, de Ghanouchi et du Premier ministre en personne ? En tout cas, Ennahda a régulièrement été accusé, depuis début janvier 2011 mais davantage depuis son accession au pouvoir, de fermer l’œil sur les agissements subversifs de ses «frères» salafistes qui font la pluie et le beau temps dans certains campus universitaires, qui effectuent quelques descentes «punitives» sur certains sites touristiques, etc. La plus spectaculaire des actions imputées aussi aux salafistes aura été, sans conteste, l’acte terroriste qui a ciblé l’ambassade des Etats-Unis à Tunis en septembre dernier. Autant de manifestations de violence par à coups et qui risquent de compliquer une situation politique déjà bien précaire depuis la chute de Ben Ali. Car, c’est bien connu, quand la bête islamiste s’en mêle, c’est pour ne plus reculer. L’inespérée ouverture en Tunisie post Ben Ali révélera en effet une branche djihadiste tunisienne extrêmement féroce qu’on ne connaissait pas jusque-là. N’est-ce pas, d’ailleurs, que la majorité des terroristes qui avaient commis l’acte de prise d’otages sur le site de Tiguentourine à In Aménas était de nationalité tunisienne !
K. A.