L’économie tunisienne a enregistré l’année dernière une importante récession, due à l’accroissement du déficit commercial et au recul des avoirs nets en devise, des investissements étrangers et des recettes du tourisme, en raison de la situation d’instabilité que connaît le pays.
Même si le gouvernement tunisien provisoire avait annoncé un taux de croissance de 3,5% en 2012 -après une année au pouvoir-, les tensions sociales et la situation économique difficile héritée de l’ancien régime ont influé de façon négative sur la dynamique économique, la production et la productivité, selon les économistes tunisiens.
Le déficit commercial du pays qui s’est accru en 2012 a atteint près de 7 milliards de dollars, selon les données officielles, provoquant une baisse du taux de couverture des importations par les exportations de 7 points, atteignant 69,3 % contre 74,4% durant la même période de l’année dernière.
Les autorités ont reconnu une baisse des avoirs nets en devise à 6,224 milliards de dollars soit une couverture de 94 jours d’importations contre 113 jours à la fin 2011, une situation inédite et sans précédent pour la Tunisie.

Concernant le déficit courant cumulé dans les finances tunisiennes, il a atteint plus de 25% depuis le début de l’année 2013, en raison de l’accroissement du déficit commercial, ce qui a poussé les autorités à recourir aux ressources extérieures en forme de crédits, de dons et d’investissements étrangers, dans une tentative de soutenir le niveau des avoirs nets en devise pour atteindre en début 2013 près de 7.836,34 millions de dollars.
Dans le domaine touristique, secteur névralgique de l’économie tunisienne, le nombre des touristes n’a pas dépassé 5.700.000 touristes en 2012, tandis que les recettes du tourisme s’élèvent à près de 1,6 milliards d’euro.
Selon les statistiques avancées, l’affluence des touristes en 2012 reste au deçà des niveaux enregistrés en 2010 soit un recul de 14,2%, en raison des répercussions de la révolution populaire et des troubles sociaux qui ont mené à la fermeture de plusieurs infrastructures touristiques et le licenciement de milliers de travailleurs.
Devant une situation économique désastreuse, les milieux économiques tunisiens ont tiré la sonnette d’alarme devant l’augmentation des mouvements de grève et des sit-in, provoquant le départ de 2600 investisseurs de Tunisie, en raison de la situation sécuritaire et de la dégradation du climat des affaires pour les entreprises économiques nationales et étrangères. Plus de 200 entreprises ont fermé leurs portes, outre la disparition de 150.000 postes d’emploi et la hausse du nombre des chômeurs à près de 800.000.
Le gouvernement provisoire tunisien dirigé par le mouvement Ennahdha a essuyé les critiques de l’opposition qui le tient pour responsable de l’accroissement de la pauvreté dans tout le pays. Selon des chiffres officiels, la pauvreté a atteint un taux de 24,7 % en 2012.
L’opposition a également reproché au gouvernement de ne pas avoir adopté une politique participative permettant à toutes les forces politiques et sociales de soumettre leurs approches pour sortir la Tunisie de la crise économique étouffante qui a exacerbé les tensions sociales.
Le pays a enregistré en 2012 un taux de croissance de 3,5 % du PNB en dépit de la crise économique et financière mondiale.
Afin d’atténuer l’ampleur de la dégradation économique, la loi de finances 2013 comprend des mesures visant notamment à maintenir le déficit à 5,9% du PNB et le taux de la dette publique à 46,8% du PNB.