Pour la centrale syndicale tunisienne, les intérêts des travailleurs sont à défendre quelle que soit la situation que traverse le pays, d’autant plus qu’en 2013, les employés du secteur public n’avaient eu droit à aucune augmentation de salaire.
“Les négociations salariales n’auront pas lieu en 2014”, a déclaré le porte-parole du gouvernement, M. Nidhal Ouerfelli. Cette déclaration faite à quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale n’est pas pour plaire à la centrale syndicale dont le secrétaire général ne cesse d’appeler le gouvernement à ouvrir des négociations sur l’augmentation des salaires dans le secteur public. Cette déclaration constitue, aussi, l’acte du “décès de la lune de miel” entretenue, durant quelques mois, entre le gouvernement de M. Mehdi Jomaâ et l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT).
Celle-ci, rappelons-le, a été le principal moteur qui a amené Jomaâ à la primature en initiant le dialogue national pour faire chuter le gouvernement de la “troïka” conduit par l’islamiste Ali Laârayedh. Pour l’UGTT, l’incapacité du gouvernement de juguler l’augmentation des prix et la multitude des grèves ne justifient, en rien, le report des négociations salariales inscrites dans le cadre d’un contrat social respecté, bon an, mal an, depuis plus d’une vingtaine d’années.
De ce fait, que cherche le gouvernement Jomaâ en décidant d’une façon unilatérale l’ajournement des négociations ? Est-ce pour fuir des engagements difficiles à tenir dans l’immédiat ou éviter au futur gouvernement un bourbier d’où il ne pourra pas sortir sans une amélioration substantielle de la situation économique ? Toujours est-il que les deux parties appréhendent la chose avec des approches différentes. Pour la centrale syndicale, les intérêts des travailleurs sont à défendre quelle que soit la situation que traverse le pays, d’autant plus qu’en 2013, les employés du secteur public n’avaient eu droit à aucune augmentation.
Quant au gouvernement qui gère difficilement une crise économique qui ne cesse de s’aggraver, il voit la chose autrement. Pour lui, l’important est de quitter le pouvoir avec le minimum de dégâts en maîtrisant le déficit budgétaire à un taux plus bas que celui enregistré l’année dernière. En outre, il est déterminé à mener le pays vers des élections qui faciliteraient la sortie d’une phase transitoire qui n’a que trop duré vers une situation stable. Pour ce faire, il n’y a pas mieux que de favoriser une accalmie sociale que ne garantit pas un report des négociations salariales.
Pour la partie syndicale, il est impensable de favoriser l’émergence de deux catégories de citoyens en allusion aux augmentations de salaires dont ont bénéficié, récemment, les travailleurs du secteur privé. Et, pour jouir de l’accalmie souhaitée, estiment des syndicalistes, le gouvernement aurait mieux fait de prendre les mesures idoines concernant les impôts dus par une certaine catégorie de citoyens. Ainsi, c’est entre le marteau et l’enclume que se place aujourd’hui le gouvernement Jomaâ qui ne bénéficie plus de la sympathie et du soutien de ceux qui l’ont placé au palais de la Kasbah, encore moins de celle d’une population qui voit son pouvoir d’achat se rétrécir comme une peau de chagrin.