Des membres de l’assemblée constituante tunisienne ont fait porter aux gouvernements actuel et précédent la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire et de la progression du terrorisme dans le pays.
Ils ont reproché, aux deux gouvernements, « leur laxisme dans le traitement du dossier sécuritaire et vis-à-vis des éléments du courant salafiste extrémiste, ainsi que de sa composante jihadiste ».
Lors d’une séance plénière de l’ANC (Assemblée nationale constituante) consacrée, mercredi matin, au débat avec le gouvernement sur la situation sécuritaire, certains députés ont même réclamé du gouvernement « des excuses officielles » au peuple « pour n’avoir pas assumé sa responsabilité d’assurer la sécurité nationale, d’autres l’ont carrément accusé d’avoir fait de la Tunisie « un Etat terroriste qui exporte les terroristes, aux dépens de la réputation du pays à l’étranger ».
La Tunisie vit depuis des mois au rythme de vives tensions sécuritaires dans le contexte du démantèlement de plusieurs réseaux terroristes, l’arrestation de groupes armés et la saisie de matériel de guerre dans plusieurs localités du territoire tunisien.
Un groupe parlementaire d’opposition a regretté l’absence d’une vraie politique de neutralisation des mosquées en Tunisie.
Le groupe parlementaire du parti du congrès a demandé à en savoir davantage sur les mesures prises pour déjouer les opérations de recrutement de « combattants » pour aller faire la guerre sous des latitudes lointaines. Il a réclamé « une séance à huis clos » pour débattre des grands dossiers sécuritaires, notamment ceux de la criminalité organisée, des groupes terroristes et des réseaux de contrebande.
Plusieurs représentants de la société civile tunisienne ont exprimé leur crainte que le pays ne se transforme en refuge pour les terroristes suite au regain des activités des groupes armés et autres cellules terroristes notamment après la révolution des jasmins mettant à profit les troubles enregistrés dans le pays pour sortir les armes stockées et celles introduites par la Libye.
Des associations de droits de l’homme ont imputé au gouvernement la responsabilité des actes terroristes au regard de son laxisme avec la propagation des armes dans le pays et le recrutement idéologique et les incitations à la violence, selon un communiqué de ces associations.
Le terrorisme a profité de la faiblesse de l’Etat
Le chef du gouvernement tunisien Ali Larayedh a réagi à ces déclarations affirmant que « les éléments terroristes avaient profité du climat de liberté, de la situation générale dans le pays, de l’affaiblissement du gouvernement central après la révolution ».
Pour Ali Larayedh, il y aurait seulement deux explications au phénomène de constitution de stocks d’armes dans le pays : » Soit ces éléments stockent des armes pour les utiliser, le moment venu, dans des opérations de sabotage et de terrorisme, soit que le but recherché est d’en approvisionner des parties extérieures « .
La lutte contre le terrorisme commande, a-t-il soutenu, de développer les législations et doter les forces de sécurité d’une logistique suffisante pour leur permettre de remplir au mieux leur mission, sans pour autant négliger le soutien devant être apporté par toutes les composantes de la communauté nationale, à commencer par le ministère des Affaires religieuses pour asseoir les attributs d’un islam médian et modéré.
Les autorités sécuritaires tunisiennes ont décidé récemment de mettre en place des cellules de crise pour traquer les réseaux terroristes qui menacent la sécurité et la stabilité du pays tout en faisant face à la montée salafiste extrémiste.
Le responsable de l’exécutif estime que l’Etat a retrouvé son autorité. « Nous sommes désormais en mesure de traquer les réseaux terroristes, démanteler leurs relations et en connaître l’organisation structurelle ce qui a déjà permis d’arrêter plusieurs de leurs membres, dont certains sont incarcérés et d’autres en liberté conditionnelle « , a-t-il dit.
« La bataille contre le terrorisme passe, dans l’un de ses volets, par la reprise en main des mosquées, en collaboration avec le ministère des Affaires religieuses « , a ajouté M. Larayedh.