Plus de cent personnes ont été tuées dans des violences en Tunisie au cours des cinq dernières semaines selon des informations compilées par l’ONU sur place, a annoncé aujourd’hui le Haut commissaire aux droits de l’homme des Nations unies. « Mon bureau a reçu des informations concernant plus de cent décès au cours des cinq dernières semaines, résultant de tirs ainsi que de suicides de protestation et des émeutes dans les prisons pendant le week-end », a expliqué Navi Pillay au cours d’un point de presse.
Selon ces informations, le mois d’émeutes populaires qui a balayé le régime autocratique du président Zine El Abidine Ben Ali, a provoqué la mort de « plus de 70 personnes dans des tirs, sept dans des suicides de protestation, et plus de 40 dans les affrontements dans les prisons le week-end dernier », a-t-elle précisé.
« Il est clair que le chiffre exact reste incertain, mais quel que soit le montant total, je suis extrêmement préoccupée par le nombre élevé de personnes tuées en Tunisie ces dernières semaines », s’est alarmée la responsable des droits de l’homme. Il est « nécessaire que justice soit faite », a-t-elle souligné, annonçant qu’une mission d’évaluation des droits de l’homme se rendrait en Tunisie la semaine prochaine. « Ce sera une des priorités de la mission qui se rendra la semaine prochaine (sur place) pour vérifier les pertes auprès des familles. »
« Il y a des signes encourageants, positifs que les recommandations qui seront faites par cette mission seront prises en compte » par les autorités, a-t-elle ajouté, se disant « encouragée par le fait qu’elle a été bien accueillie » par le vice-Premier ministre, par le responsable de la Ligue tunisienne des droits de l’homme ainsi que par les organisations non-gouvernementales dans le pays et ailleurs.
Le Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU avait réclamé le 12 janvier des enquêtes « indépendantes crédibles » sur les violences en Tunisie, faisant état d’informations sur un « recours excessif » à la force par les services de sécurité. « Des informations suggèrent que la majorité des manifestations ont été pacifiques et que les forces de sécurité ont réagi avec une force excessive contraire aux normes internationales », avait expliqué Mme Pillay.
Elle s’était par ailleurs inquiétée d’un nombre important d’arrestations concernant notamment des défenseurs des droits de l’homme ainsi que des cas de tortures et de mauvais traitements de détenus qui lui avaient été rapportés.