– Même si Ghanouchi s’évertue à apporter des démentis formels quant à une ingérence du Qatar dans la politique étrangère de la Tunisie et notamment pour ce qui est de la position vis-à-vis de la guerre en Syrie, il est évident que les pressions sont de plus en fortes.
Le gouvernement tunisien a démenti, hier, vendredi, les informations selon lesquelles la Tunisie aurait accepté de remettre la chancellerie de l’ambassade de Syrie à Tunis à la coalition de l’opposition syrienne. En effet, plusieurs médias ont rapporté ces derniers jours, que la Tunisie aurait subi des pressions de la part du Qatar pour remettre la chancellerie de l’ambassade de Syrie à Tunis à la coalition de l’opposition syrienne.
Ce à quoi le président du mouvement Ennahda au pouvoir, Rachid Ghanouchi, a tenu à faire une mise au point en dénonçant «une campagne médiatique orchestrée en Tunisie contre le Qatar», rappelant à ce propos le soutien du Qatar à la Tunisie, avant et après la révolution des jasmins, et estimant que ces campagnes visent à isoler la révolution de l’un de ses plus grands défenseurs.
Un défenseur qui ne fait toutefois pas l’unanimité au sein de la société tunisienne et notamment au sein de la presse qui n’a eu de cesse de mettre à l’index ce qui est désormais qualifié de quasi-ingérence d’un pays, certes «frère», mais tout de même étranger, dans leurs affaires internes. Selon cette dernière, le Qatar exercerait de grosses pressions sur les autorités tunisiennes, pour les forcer à livrer l’ambassade de la Syrie, à Tunis, à la Coalition de l’opposition syrienne. Ainsi, le site d’information Business News, cite un diplomate arabe, qui a requis l’anonymat, qui a déclaré que «la pression du Qatar sur la Tunisie a atteint un stade très avancé, au point que les autorités tunisiennes ont demandé plus de temps, pour étudier le sujet et choisir le bon moment, pour prendre une telle mesure». Ce dernier ajoute que «le ministre qatari des Affaires étrangères compte visiter la Tunisie, le 17 du mois prochain, pour discuter de cette question, qui semble être devenue une priorité nationale, surtout, à ce stade difficile de la crise syrienne». Il n’a, en outre, pas exclu, dans ce contexte, que «les autorités tunisiennes répondent en faveur de cette requête, en raison de ces pressions, à la fois, politique et financière, sachant que le Qatar a menacé d’arrêter ses investissements, en Tunisie». Le diplomate arabe a souligné que «le Qatar estime que la Tunisie est le maillon le plus faible, qu’on peut forcer à prendre une telle mesure, et ce, pour soulager Doha de la pression, suite à son annonce de la remise de l’ambassade de la Syrie à la coalition de l’opposition syrienne». A cela, le ministère des Affaires étrangère tunisien a tenu à préciser que la question de la remise de la chancellerie de l’ambassade de Syrie à Tunis à ladite coalition «ne se pose même pas au stade actuel de la crise syrienne», parce qu’«obéissant à des procédures juridiques et à des règles diplomatiques, conformément aux conventions internationales en vigueur».

L. S.