Il s’était immolé par le feu pour protester contre sa mauvaise condition de vie, il a succombé à ses blessures dix-neuf jours aprés. Mohamed Bouazizi, le jeune Tunisien qui s’était immolé par le feu à la mi-décembre devant la préfecture de Sidi Bouzid, dans le centre du pays, a succombé à ses blessures, a-t-on appris mercredi de sou rce syndicale. Le geste de ce commerçant ambulant désespéré par la confiscation de sa marchandise avait donné le départ d’importants troubles sociaux dans la région
Le porte-parole du Comité de soutien aux populations de Sidi Bouzid, Attia Athmouni, a précisé à l’Associated Press (AP) que Mohamed Bouazizi, 26 ans, était mort dans la nuit de mardi à mercredi au centre des grands brûlés et de traumatologie de Ben Arous, près de Tunis, où il avait été hospitalisé après son suicide le 17 décembre. Il doit être inhumé à Sidi Bouzid, selon M. Athoumi.
Mohamed Bouazizi, qui faisait vivre sa famille grâce à la vente ambulante de fruits et légumes, s’était aspergé d’essence et y avait mis le feu après la saisie de sa marchandise par des agents municipaux qui l’avaient maltraité et empêché de porter plainte, selon des sources syndicales. Les autorités affirment qu’il ne possédait pas de permis de commercer.
La tentative de suicide du jeune homme a déclenché une vague de troubles sociaux qui ont désormais fait quatre morts dans cette région du centre-ouest tunisien, sur fond de chômage et de précarité des conditions de vie. Un mouvement de solidarité avec la population de Sidi Bouzid s’est développé dans de nombreuses régions du pays, donnant lieu à des accrochages entre manifestants et forces de sécurité.
Ce nouveau décès porte à quatre le nombre de personnes qui ont trouvé la mort au cours de ces troubles. Le 22 décembre, toujours à Sidi Bouzid, un autre jeune chômeur Houcine Nouji, 24 ans, s’était donné la mort en escaladant un pylône électrique, tandis que le même jour, un jeune diplômé, Mohamed Ammari, 18 ans, était tué par balles lors de graves affrontements avec la police dans la ville de Menzel Benziane. Enfin, Chawki Hdiri, 43 ans, ingénieur en informatique, qui participait à la même manifestation et qui avait été blessé par balles, est mort le 31 décembre des suites de ses blessures.
Le pouvoir a dénoncé « l’exploitation de cet incident à des fins politiques malsaines » par des partis d’opposition et des médias étrangers, visant en particulier la chaîne qatarie Al Jazira accusée « d’acharnement contre la Tunisie ».
La Tunisie vit depuis novembre 1987 sous la coupe réglée du président Ben Ali, de sa famille, de sa femme Leila Ben Ali ainsi que de sa belle famille les Trabelsi.