L’Assemblée constituante a voté. Jusqu’ici chef d’Etat par intérim, Moncef Marzouki, opposant historique au président déchu Ben Ali, doit maintenant désigner un chef de gouvernement.
Moncef Marzouki est élu président tunisen. L’un des farouches opposants à Ben Ali a été choisi, ce lundi, par la nouvelle Assemblée constituante pour devenir président de la République tunisienne. Il a fait part à l’AFP de son « formidable honneur » de devenir le président « de la première république arabe libre »
Moncef Marzouki, 66 ans, dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), a été élu par 153 voix pour, 3 contre, 2 abstentions et 44 votes blancs sur un total de 202 votants sur les 217 membres de la constituante. L’hymne national a retenti dans l’hémicycle, alors ses partisans criaient « fidélité aux Martyr de la révolution! ».
Sa première mission sera de désigner le chef du gouvernement, qui devrait être l’islamiste Hamadi Jebali. Il doit être investi mardi après prestation de serment au Palais présidentiel de Carthage.
« Ce jour est mémorable »
Costume gris, chemise blanche mais sans cravate comme toujours, Moncef Marzouki, un médecin de formation, a remercié tous les députés: « Votre présence est primordiale. Le message par lequel vous me dîtes ‘nous t’aurons à l’oeil’ est bien reçu », a-t-il lancé en direction de l’opposition qui a voté blanc.
Je suis fier de porter la plus précieuse des reponsablités
« Ce jour est mémorable, vive la Tunisie du plus profond de mon coeur », a-t-il ajouté, se disant « fier de porter la plus précieuse des reponsablités, celle d’être le garant du peuple, de l’Etat et de la révolution ».
Il devrait renoncer à toute responsabilité dans sa formation.
Moncef Marzouki a donc été élu par un vote à bulletins secrets à la majorité absolue par l’assemble élue le 23 octobre dans le premier scrutin libre en Tunisie gagnée par le parti islamiste Ennahda (89 élus)
Des élus se sont concertés pour un vote blanc
Cette assemblée avait auparavant rejeté neuf candidatures ne répondant pas aux critères retenues par la loi. Certains ne sont pas des élus et d’autres n’ayant le parrainage de quinze élus. Un député de la « Pétition populaire », 3ème force de l’assemblée de l’homme d’affaires londonien Hechmi Haamdi n’avait pas l’âge limite requis de 35 ans.
« Je ne vote pas, je dénonce l’exclusion » a protesté un élu de cette Pétition, Brahim Kassas, agitant un panneau.
L’élection de Moncef Marzouki est intervenue selon la procédure prévue par l’article 10 de la loi sur l’organisation des pouvoirs publics provisoires -mini constitution provisoire- approuvée il y a moins de 48 heures.
Les élus de l’opposition se sont concertés pour un vote blanc. « Cette élection a lieu sur la base d’un texte déséquilibré qui donne beaucoup de pouvoir à un chef de gouvernement désigné au détriment d’un président élu », a expliqué un opposant, Samir Betaieb, du Pôle démocrate moderniste.