La localité de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, renoue avec la protestation. Une grève générale a été observée, hier, samedi, à Menzel-Bouzaïane.
Une marche était organisée hier, samedi, dans cette localité de 8 000 habitants paralysée par la grève, suivie dans les commerces, écoles, services et institutions étatiques, à l’appel des syndicats relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT, centrale syndicale historique).
Les habitants de Menzel Bouzaïane entendaient protester contre des violences policières envers des manifestants et réclamer la libération de dizaines de personnes, dont un responsable syndical local, interpellées lors d’un sit-in dans un village de la région. En fin de journée d’hier, 26 habitants de Menzel Bouzaïane ont entamé une grève de la faim pour exiger des nouvelles de leurs enfants ou proches interpellés et dont ils n’ont pas retrouvé la trace dans les postes de police ni dans les hôpitaux. Ces grévistes, parmi lesquels des parents septuagénaires, se sont scindés en deux groupes, le premier faisant grève dans les locaux de la gendarmerie et le second sous une tente dressée à El-Omrane. Les forces de sécurité étaient absentes des rues de Menzel Bouzaïane, où seuls les services médicaux d’urgence et les boulangeries ont assuré samedi un service minimum. La grogne pourrait s’étendre à toute la région de Sidi Bouzid, le syndicat régional de l’enseignement ayant appelé à une grève des classes demain lundi, pour exiger la libération des manifestants interpellés à El-Omrane, et l’arrêt des violences policières et des solutions aux problèmes sociaux de la région. Celle-ci, qui compte près de 12 000 diplômés chômeurs, accuse le gouvernement, dominé par le parti islamiste Ennahda, d’ignorer les revendications populaires, en particulier la création d’emplois. Par ailleurs, des centaines de Tunisiens ont manifesté hier à Tunis pour réclamer du travail et appelé à la chute du gouvernement, a constaté une journaliste de l’AFP. A l’appel de l’Union des diplômés chômeurs (UDC), les manifestants se sont rassemblés devant le siège de la centrale syndicale avant de défiler sur l’avenue Habib Bourguiba, artère principale de la capitale hautement surveillée par la police. La marche, qui était soigneusement encadrée par un dispositif policier comprenant des unités anti-émeute s’est déroulée sans incident. «Travail, liberté, dignité !», «Où sont tes promesses, gouvernement menteur», «Ni peur ni terreur, la rue appartient au peuple», «Le peuple veut la chute du gouvernement», scandaient les manifestants. «Y en a marre d’attendre des promesses sans lendemain», a déclaré à l’AFP, un diplômé de l’université, âgé de 28 ans. D’autres jeunes, enveloppés dans des drapeaux, rouge et blanc de la Tunisie ont dénoncé la nonchalance du gouvernement. «Ce gouvernement ne prend pas nos problèmes au sérieux et ne parle du chômage que pour nous instrumentaliser». Dans un communiqué, l’UDC a réclamé la publication des listes de candidats admis dans des concours d’embauche dans la fonction publique et de confier le recrutement à une instance autonome pour «garantir la transparence et mettre fin au népotisme».
R. I./ Agences