De nombreux partisans du président déchu Morsi tués ce samedi matin en Egypte ; des locaux de partis politiques saccagés après l’assassinat du militant anti-islamiste et de deux officiers de l’armée à Benghazi ; un manifestant tué à Gafsa lors d’une marche de protestation contre l’assassinat jeudi du député tunisien Mohamed Brahmi… La spirale de la violence monte dans ces trois pays où le printemps était si prometteur.
Trois pays, trois révolutions, trois printemps censés, au commencement des choses, exhaler des senteurs de liberté, des parfums enivrants de démocratie, dont leur peuple avait tant besoin. Tunisie, Libye, Egypte : l’Histoire, sans trop crier gare, s’était accélérée pour broyer dans sa marche ceux qui étaient considérés dans leurs pays respectifs comme des potentats. Mais la fin de Moubarak, de Kadhafi, de Ben Ali a libéré comme d’une boîte de Pandore, des démons en tout genre, de tout acabit, aujourd’hui incontrôlés et incontrôlables. Tunisie, Libye, Egypte : qu’il est loin le temps de l’euphorie, de l’allégresse populaire, de la frénésie que fait naître l’aspiration à peser soi-même sur son destin. Tout a été effacé, gommé.
Ces révolutions ont-elles été confisquées ? Ces printemps ont-ils été des saisons pourries ?
C’est l’heure du désenchantement ; dans ces trois pays, le sang coule. Les règlements de comptes, les assassinats se sont érigés en pratique politique. Rien ne va plus. Un autre virage et en train d’y être amorcé. Hasard du calendrier ? Ils connaissent un week-end particulièrement mouvementé, comme si les choses étaient synchronisées, comme si ces trois pays étaient liés à jamais plus pour le pire que pour le meilleur.
La faute aux islamistes qui ont pris les commandes en Tunisie et en Egypte ? Mais alors pourquoi ces morts et ces affrontements sans fin à Tripoli et à Benghazi puisqu’en Libye le pouvoir n’est pas entre les mains d’une telle mouvance ?
H.Ouandjeli