Les partis politiques tunisiens ont été pris de court par la récente décision du mouvement Ennahdha de ne soutenir aucun candidat à la présidentielle du 23 novembre, notamment les partis du courant démocratique et social qui espéraient bénéficier de son soutien pour limiter les chances d’accès du candidat du mouvement « Nidaa Tounes », Béji Caid Essebssi au palais de Carthage.
Le Mouvement Ennahdha ne s’est pas contenté de cette décision « imprévisible », il a aussi appelé ses militants à participer en masse à la prochaine présidentielle et à choisir le candidat qu’ils jugent à même de diriger le pays et de réaliser les objectifs de la révolution.
Cette position « inattendue » de l’avis des observateurs de la scène politique en Tunisie a poussé les partis politiques à réviser leurs pronostics, d’autant que le Mouvement Ennahdha était le premier à avoir appelé les formations politiques à s’unir autour d’ »un candidat du consensus » qui soit capable d’unifier toutes les parties politiques et préserver le processus démocratique.
La démarche adoptée par le parti de Ghannouchi a étouffé les aspirations des candidats Mohamed Moncef Marzouki, l’actuel président provisoire et Mustapha Ben Djaafar, président du parti Ettakattol, qui aspiraient tous deux à s’attirer le soutien du mouvement Ennahda. Les résultats des élections législatives en Tunisie ont démontré que les alliances et les positions pouvaient changer en fonction du nouveau contexte.
La direction du Mouvement Ennahda qui n’a pas exprimé explicitement son soutien au candidat Essebssi, n’entravera pas non plus son accession au pouvoir et pourrait même être de son parti au deuxième tour, selon les prévisions de certains présidents de formations politiques. L’approche du mouvement Ennahda a suscité des avis mitigés de la part d’analystes politiques. Certains pensent que le mouvement soutiendra le candidat Essebssi tandis que d’autres estiment qu’il sera en faveur du candidat Marzouki.
Des consultations secrètes sont en cours entre Ghannouchi et Essebssi sur la formation du prochain Gouvernement et le candidat que soutiendra le mouvement Ennahda lors de l’élection présidentielle. Selon un dirigeant d’Ennahdha, le mouvement a tranché cette question et a décidé de ne pas soutenir le président sortant Moncef Marzouki au prochain scrutin.
Le président du parti du Mouvement Constitutionnel, Hamed Karoui avait, pour sa part, appelé dans des déclarations précédentes à la presse, MM. Essebssi et Ghannouchi à former un gouvernement d’union nationale rassemblant les deux formations politiques, pour l’intérêt suprême du pays, après avoir réussi à régler leur différend concernant « l’identité des Tunisiens ».
Par ailleurs, d’autres observateurs de la scène politique tunisienne ont souligné que M. Ghannouchi avait appelé les bases de son parti à accorder leurs voix au candidat Marzouki, étant un ami du mouvement et l’un de ses principaux alliés et un fervent défenseur des libertés individuelles et collectives ». Selon certains analystes, des dirigeants du mouvement Ennahdha avaient adressé plusieurs correspondances, selon lesquelles « l’insistance par Béji Caïd Essebssi sur la nécessité de rétablir l’autorité de l’Etat pourrait favoriser le retour de la dictature.