Selon plusieurs témoignages sur place en Tunisie, ce sont les forces spéciales qui tirent directement sur la foule. Jeudi soir, on dénombre 67 morts, mais des sources syndicales indiquent que le bilan pourrait atteindre 100 morts. La Station Hammamet est livrée aux pillages.
Un manifestant a été tué ce jeudi par les tirs de la police dans le quartier Lafayette à proximité de l’artère centrale de l’avenue Bourguiba à Tunis selon l’AFP. Les forces de l’ordre ont tenté de disperser les manifestants à coup de bombes lacrymogènes avant de tirer, selon des témoins. Les forces de l’ordre se sont interposées pour empêcher des manifestants, venus des abords de l’avenue Bourguiba, de se diriger vers le quartier où se trouvent un supermarché de la chaîne Carrefour et la Maison de la radio publique.
Banques saccagées, voitures calcinées, sous-préfecture et poste de police attaqués, le couvre-feu imposé dans Tunis et sa banlieue n’a pas empêché des bandes de jeunes de s’en prendre dans la nuit de mercredi à jeudi à des symboles du pouvoir et de l’argent.
Si le cœur de la capitale où se trouvent les principaux commerces, banques et administrations publiques, a été épargné en raison d’une forte présence des forces de l’ordre, cela n’a pas été cas aux alentours, en particulier à El Aouina, près de l’aéroport international de Carthage, et à Ettadhamen, au nord de la capitale.
La station balnéaire tunisienne de Hammamet, prisée par les touristes européens, était livrée aux pilleurs jeudi en fin d’après-midi, selon des journalistes de l’AFP arrivés dans cette cité située à 60 km au sud de Tunis.
Un poste de police, une permanence du parti au pouvoir ont été détruits ainsi que des résidences cossues, dont l’une appartiendrait, selon des habitants, à un proche du chef de l’Etat. Dans la rue, les passant ont érigé de nombreux barrages alors que d’autres pillaient des magasins emportant tout ce qui leur tombait sous la main.
Officiellement, l’armée s’est retirée du centre-ville jeudi matin avant d’être remplacée par des unités spéciales. Pourquoi l’armée s’est-elle retirée ? Certains évoquent une scission au sein des forces de l’ordre. En fait, l’armée se refuserait à réprimer les manifestants avec des tirs, contrairement à la police sous les ordres du ministère de l’Intérieur. La chaîne Al Jazira a montré des images de manifestants escortant des fourgons de l’armée.