À partir de témoignages, Le Nouvel Observateur a reconstitué les dernières heures de Ben Ali sur le sol tunisien. «Monte imbécile, toute ma vie il aura fallu que je supporte tes conneries !», lança Leila Trabelsi à son mari qui ne voulait pas monter dans l’avion et quitter son pays. Ben Ali supplie sur le tarmac de l’aéroport de Tunis : «Laissez-moi, je ne veux pas y aller, je veux mourir ici dans mon pays».
Ce vendredi 14 janvier, le roi a perdu son royaume et, c’est poussé par son chef de la police politique, Ali Seriati, qu’il monte dans un avion pour l’exil. Sur la passerelle menant à l’avion, la fille du couple Ben Ali, Halima, parachève le pathétique tableau d’un : «Lâchez mon père, sinon je descends tous vous tuer». Comme les premiers témoignages l’avaient déjà révélé, Ben Ali ne voulait pas quitter son pays. Il ne l’a fait qu’à la faveur d’un subterfuge inventé par son entourage. Dans l’avion qui l’emporte vers une destination inconnue, le désormais ex-Président tunisien ne cesse, selon le témoignage du pilote, de se rendre dans le cockpit pour inlassablement répéter la même question : «Mon fils, n’est-ce pas que tu vas me ramener en Tunisie après ?». «Bien sûr», a dû mentir le commandant de bord.