Le «printemps tunisien», est-il porteur de grandes espérances démocratiques ?
Alors que la contestation syndicale reprend de plus belle au sein de l’institution policière, présentée comme le symbole de la répression du régime déchu, le cycle de violence s’enracine dans le sud démuni et en révolte incessante. La région minière de Metlaoui (sud-ouest), l’une des plus pauvres du pays, a basculé à son tour dans l’horreur.
Placée sous couvre-feu, la ville en ébullition a connu des affrontements opposant des familles rivales, celles des Ouled Bouyahia et Jridia, faisant planer le spectre d’un conflit clanique qui a déjà fait, en juin dernier, plusieurs victimes et de nombreux blessés. Des experts et des responsables politiques sont unanimes à souligner la précarité des institutions en place qui sont de nature à favoriser l’éruption des violences.
«Ces tensions sont favorisées par la faible autorité de l’Etat dans les régions. Mais elles restent limitées et circonscrites et n’influeront pas sur le cours des élections», a affirmé un responsable du PDP (Parti démocrate progressiste), Mongi Ellouz, à l’occasion de la présentation des listes du parti pour les élections. L’alerte est néanmoins sérieuse.
C’est la 3e ville du centre et du sud ouest tunisien, après Sbeïtla et Douz, à être soumise au couvre-feu nocturne. La montée en cadence des tensions régionales inquiètent. Elles interviennent au moment où la nouvelle Tunisie se prépare à la transition. L’entrée prochaine en campagne, destinée à élire le 23 octobre une Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution, marque un tournant décisif pour l’émergence de la nouvelle république en phase avec les aspirations du peuple tunisien.
Dans son intervention sur «la situation générale qui prévaut dans le pays, au ton ferme et sans concession, le Premier ministre Caïd Essebsi a annoncé l’application stricte de l’état d’urgence décrétée le 14 janvier et l’interdiction de toute activité syndicale policière assimilée à une «incitation à l’insurrection». Pour le Premier ministre, «il s’est passé beaucoup de choses dangereuses dans le pays» qui incitent désormais au renforcement des mesures en matière de sécurité intérieure. «Le gouvernement ne tolérera plus les pratiques qui paralysent le quotidien des Tunisiens», dit-il, en citant le cas des «blocages de routes», des «attaques de postes de police» ou des «agressions d’agents de sécurité» et accusant «des parties» d’être «derrière ce qui se passe dans les régions de Tunisie».
A un mois et demi de l’échéance électorale qui coïncide, selon le Premier ministre tunisien avec les «campagnes de dénigrement et des troubles», la main de fer se veut une volonté de remettre sur rail la locomotive en mal d’équilibre et de réussir l’épreuve du 23 octobre à travers un «scrutin libre et transparent» pour l’avènement du pluralisme et la démocratie dans la Tunisie nouvelle.