Tunisie, Le gouvernement Essid face au défi du terrorisme

Tunisie, Le gouvernement Essid face au défi du terrorisme

Le Parlement tunisien a donné son feu vert au nouveau gouvernement revu et corrigé quatre mois seulement après les législatives de la transition démocratique brillamment réussie.

Tout indique désormais que la course contre la montre est résolument engagée en Tunisie pour rompre avec l’ère du « despotisme et de l’autoritarisme » bannie par le nouveau Premier ministre, Habib Essid. Le nouvel ordre démocratique qui se met en place est indéniablement crédité de la caution de la communauté internationale séduite par l’« exception tunisienne », perçue comme un îlot de stabilité dans le « printemps arabe » du chaos généralisé. La nouvelle Tunisie démocratique fonde également sa légitimité de la refondation institutionnelle par la voie des urnes et une gouvernance ouverte à toutes les forces représentatives. Le gouvernement de large coalition, en rupture avec le premier cabinet restreint associant Nidaa Tounes et l’UPL (Union patriotique libre) de l’homme d’affaires Slim Riahi, a mis le cap sur les exigences de modernité, d’ouverture et de l’esprit d’indépendance.

« Nous avons introduit quelques changements dans cette composition pour assurer une meilleure efficacité et une plus grande efficience et mobiliser les potentiels afin de commencer à travailler immédiatement, à traiter les nombreux dossiers urgents et à répondre aux enjeux existants », a déclaré Essid lors d’une intervention après la formation de son équipe gouvernementale. De ce fait, si le Premier ministre a été choisi pour ses qualités d’indépendant et de technocrate avérées, précédé d’une solide réputation dans la gestion des affaires sécuritaires, le gouvernement d’union a privilégié l’union sacrée à l’approche strictement partisane. Il est dominé par les indépendants, nommés à des postes-clés comme la Défense, la Justice ou l’Intérieur, et la coalition regroupant 4 partis dominants dépassant la majorité absolue (179 députés sur 217, contre le quorum de 109 voix requis). Autour du binôme Nidaa Tounes (86 sièges et 9 portefeuilles) et Ennahda (69 et 4 postes), la confirmation de la participation de l’UPL (15 voix), du Front du salut national et l’entrée d’Afek Tounes (8) qui se partagent 7 ministères consacre le pluralisme, par-delà les divergences politico-idéologiques et les querelles partisanes. Tout n’a pas été parfait dans la construction démocratique qui a plus le souci de sonner le rassemblement national que de satisfaire aux egos et à la bataille de leadership. La présence d’Ennahda a provoqué des remous dans la base de Nidaa Tounes manifestant, dimanche dernier, devant le siège du parti, et dans le bureau exécutif dénonçant un « accord contre-nature ». Mais la messe démocratique est dite. L’enjeu est primordial dans la lutte contre le terrorisme qui exige non seulement un engagement patriotique sans faille, mais également la marginalisation et la mise au ban de la société des adeptes de Daech prêts à sévir à tout moment. Elle est érigée en priorité incontournable par le Premier ministre, soulignant, dans un discours de politique générale prononcé à l’ouverture de la séance de l’Assemblée, la montée en puissance des groupes terroristes responsables de la mort de dizaines de militaires et des deux figures emblématiques de la mouvance démocratique et la menace pesante des 2.000 à 3.000 « combattants tunisiens » partis en Syrie et en Irak. « La principale priorité de ce gouvernement est d’instaurer la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Il faut se dépêcher d’adopter la loi antiterroriste en suspens depuis des mois », a-t-il dit. La bataille du gouvernement d’union est enclenchée.

Larbi Chaabouni

LG Algérie