Le pays est toujours privé d’institutions pérennes et de calendrier électoral près de trois ans après la révolution de janvier 2011.
Le ´´dialogue national´´ destiné à sortir la Tunisie d’une profonde impasse politique et préparer la démission du gouvernement dirigé par les islamistes débutera mercredi, selon médiateurs et opposants. ´´La date du début réel du dialogue national a été fixée au 23 octobre pour mettre en oeuvre la feuille de route´´ de sortie de crise, a annoncé hier dans un communiqué le syndicat Ugtt, principal médiateur de la crise. Cette feuille de route prévoit la formation sous trois semaines d’un gouvernement apolitique ainsi que l’adoption en parallèle de la Constitution et d’une loi électorale.
«Les dispositions de la feuille de route constituent le minima à mettre en oeuvre´´, a indiqué Aïda Klibi, porte-parole du parti Nidaa Tounès, une des principales formations d’opposition, confirmant que le dialogue doit débuter mercredi.
Elle a ajouté que la manifestation prévue ce jour-là par l’opposition serait ´´probablement maintenue», dans le cadre des rassemblements hebdomadaires chaque mercredi réclamant «la vérité sur les assassinats politiques» qui ont ébranlé la Tunisie depuis le début de l’année. Le parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement a lui aussi confirmé dans un bref communiqué sa participation aux négociations à partir du 23 octobre. Mais signe d’un désaccord persistant, il a réaffirmé être prêt à quitter le pouvoir dès que la Constitution serait adoptée, alors que l’opposition veut en premier lieu un nouveau gouvernement.
´´Le changement de gouvernement aura lieu après la ratification de la Constitution et l’achèvement de la mission de la constituante´´, a indiqué Ennahda. La date choisie pour le début du dialogue et les manifestations marque le deuxième anniversaire de l’élection d’une Assemblée nationale constituante (ANC) qui devait à l’origine adopter en un an une Constitution.
Faute de consensus entre les islamistes, leurs alliés et l’opposition, ce calendrier a été sans cesse repoussé. La crise en Tunisie a été aggravée par le meurtre le 25 juillet du député d’opposition Mohamed Brahmi, dont certains proches accusent les islamistes d’être responsables. La police l’attribue à des salafistes. Ennahda et ses détracteurs ont signé le 5 octobre dernier la feuille de route prévoyant que les islamistes quittent le pouvoir et qu’un gouvernement apolitique conduise le pays jusqu’aux prochaines élections, dont le calendrier reste à déterminer. Mais le démarrage concret des négociations a été sans cesse repoussé si bien qu’aucune date n’a été clairement fixée pour la démission du cabinet actuel. Le pays est toujours privé d’institutions pérennes et de calendrier électoral près de trois ans après la révolution de janvier 2011. Il est aussi régulièrement déstabilisé par l’essor de la mouvance jihadiste et des conflits sociaux.