ALGER – Les Tunisiens devront connaitre mercredi les résultats officiels des premières élections municipales depuis le changement politique de 2011, tenues dimanche et marquées par l’abstention malgré l’espoir de la classe politique d’enraciner au niveau local le processus démocratique.
Les résultats de ce scrutin, lors duquel plus de 66% d’abstention a été enregistré, sont attendus dans les villes tunisiennes, dont la capitale Tunis, où le Parti d’Ennahdha est donné favori par plusieurs estimations, donnant ainsi la deuxième place au parti Nidaa Tounès, fondé par l’actuel président Béji Caïd Essebsi.
Les électeurs, au nombre de 5 369 892, ont élu pour un mandat de cinq ans, leurs représentants dans 350 circonscriptions municipales et 24 conseils régionaux, répartis sur l’ensemble du pays, selon l’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).
Par rapport aux élections législatives et présidentielle de 2014, le scrutin municipal de 2018 s’est distingué par le nombre important de circonscriptions et de listes candidates. Plus de 57.000 candidats étaient en lice, dont la moitié de femmes et de jeunes. Sur les 2.074 listes en course, 1.055 sont issues de partis, 860 indépendantes et 159 de coalition.
Un éventuel bras de fer pourrait peser sur l’équilibre politique au niveau national, qui repose depuis les scrutins nationaux de 2014 sur une alliance de circonstance entre Nidaa Tounès et Ennahdha.
Sorti vainqueur des législatives et présidentielle en 2014, Nidaa Tounès avait ensuite scellé une alliance avec Ennahdha, toujours en vigueur à ce jour.
L’alliance Ennahda-Nidaa Tounés en enjeu
La direction du parti Ennahdha a indiqué à plusieurs reprises qu’elle souhaitait prolonger cette alliance à l’échelon local.
Les 7.212 conseillers municipaux élus dimanche dans les 350 municipalités tunisiennes seront à leur tour chargés d’élire leur maire, à la majorité absolue. Ils doivent le faire dans les 21 jours après la proclamation des résultats définitifs, soit d’ici début juin ou, en cas de recours, mi-juillet.
Une première dans l’histoire de la Tunisie, les membres des forces de sécurités et de l’armée avaient voté par anticipation le 29 avril dernier. Quelque 60.000 policiers et militaires ont été mobilisés: la Tunisie demeure sous état d’urgence depuis une série d’attentats terroristes meurtriers en 2015.
Après la révolution qui a conduit à l’éviction de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011, les municipalités tunisiennes ont été dissoutes et remplacées par des « délégations spéciales » chargées de gérer les affaires courantes. Ces dernières, qui sont très critiquées pour leur manque d’efficacité, sont toujours en place à ce jour.
La Tunisie qui fait figure de modèle de transition démocratique réussie, a organisé deux scrutins législatifs. Le premier, en 2011, remporté par le parti de Rached Ghanouchi Ennahdha (Ennahda) et le second, en 2014, a vu la victoire du parti du président de la République, Nidaa Tounes, tandis que les dernières élections municipales ont eu lieu en 2010. Ce scrutin doit permettre de voir émerger une nouvelle génération d’élus. Il sera suivi de législatives et d’une présidentielle en 2019.