Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a annoncé, hier, dans un discours destiné à rassurer les Tunisiens sur la situation dans leur pays, que l’armée sera désormais chargée d’assurer la sécurité des sites de production qui font souvent l’objet de mouvements de protestation susceptibles d’empêcher leur exploitation et que les prochaines élections auront lieu “dans les délais légaux”. La décision de recourir à l’armée pour protéger les ressources du peuple tunisien est, certes, “une décision grave”, reconnaît Essebsi dans son discours devant la nation à Tunis, “qui doit être prise” car “il n’est plus acceptable que les protestataires provoquent la suspension de la production des ressources dont le pays tire ses revenus”. Le président Essebsi s’est ainsi exprimé sur la situation générale en Tunisie lors de son discours au Palais des Congrès devant plus de 200 personnes, afin de rassurer les Tunisiens dont le pays est confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions de l’intérieur. Les mouvements sociaux prennent parfois l’allure de sit-in bloquant les accès à certains sites de production.
Il a notamment cité l’industrie du phosphate, dans le bassin minier de Gafsa (centre), qui “s’est arrêtée pendant cinq ans”. “On a quoi ? On a le phosphate, le pétrole et le tourisme, on a l’agriculture”, dont “l’huile d’olive”. “L’État doit aussi protéger les ressources du peuple tunisien”, a clamé M. Caïd Essebsi qui a reconnu, par ailleurs, le droit de manifester, soulignant que “toute personne voulant manifester manifeste dans le cadre de la loi (…) La démocratie, sa condition, c’est l’État de droit”.
“Il n’y a aucune intention de renoncer aux libertés individuelles et publiques dont la liberté de s’exprimer et de manifester”, a-t-il tenu à préciser. Dans son intervention, le président Essebsi a indiqué que c’est le processus démocratique qui a apporté le rayonnement à la Tunisie dans le monde, forçant le respect et la considération de tous les pays, faisant remarquer, toutefois, que ce processus “est sérieusement menacé” et mettant l’accent sur l’“impérieuse nécessité de respecter les instances et les structures élues pour avancer dans le processus démocratique”. Évoquant les prochaines échéances électorales, le président tunisien s’est engagé à organiser les élections “dans les délais légaux et constitutionnels”.
Quant à la démission du président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Chafik Sarsar, le président Essebsi a indiqué que celle-ci était intervenue “à un moment délicat” dans la mesure où le pays s’apprête à organiser des élections municipales, le 17 décembre prochain, date symbolique puisque ce sera le septième anniversaire de la révolte populaire ayant chassé le président Zine El-Abidine Ben Ali. Il a aussi regretté le fait que le président de l’Isie ne l’ait pas consulté avant de prendre une telle décision.