Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi l’avait annoncé après la formation de son gouvernement de transition, le président par intérim, Foued Mebazaa, l’a confirmé hier lors de sa première intervention publique : il y aura très prochainement une amnistie générale. Elle devrait même être à l’ordre du jour aujourd’hui du premier conseil des ministres du nouveau gouvernement.
Réclamée depuis des décennies par l’opposition et les organisations de la société civile, cette amnistie a été promise afin de «favoriser une réconciliation» nationale. Dans le discours de Foued Mebazaa, qui s’est engagé mercredi à «une rupture totale avec le passé», elle figure au premier rang des promesses avec notamment la «liberté totale d’information», «l’indépendance de la justice» et «la séparation entre l’Etat et le parti». Lors de manifestations, mercredi, des milliers de personnes ont réclamé la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali, symbole de corruption et de répression, et le départ du gouvernement de transition des ministres issus de l’ancien régime.
La mainmise de membres du RCD sur les postes clés du gouvernement a d’ailleurs provoqué la démission mardi des trois ministres issus de la centrale syndicale, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), puis celle mercredi d’un chef de l’opposition, le président du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) .
Mercredi, un autre ministre, Ahmed Nejid Chebbi, en charge du Développement rural et chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP) a indiqué qu’il démissionnerait également si des «élections libres et justes» n’étaient pas organisées dans les prochains mois. Dans une interview à la BBC, il s’est en outre prononcé en faveur de l’introduction d’un islam modéré dans la vie politique tunisienne. Selon lui, le Premier ministre a eu des entretiens avec le principal parti islamiste, Ennahdha, qui est interdit.
Washington réclame une transition vers la démocratie
Par ailleurs, à Washington, le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, a affirmé que le gouvernement tunisien doit organiser la transition vers la démocratie, ajoutant que les Etats-Unis comptent aider la Tunisie à atteindre cet objectif.
L’Arabie Saoudite quant à elle, où l’ancien dictateur a trouvé refuge, lui a interdit toute activité politique liée à la situation en Tunisie qu’il a fuie le 14 janvier après 23 ans de règne sans partage. Contre toute attente, Ben Ali aurait évoqué par téléphone son éventuel retour avec le Premier ministre Ghannouchi, ce dernier lui faisant comprendre que cela n’était pas envisageable.
La justice tunisienne a, de son côté, ouvert une enquête judiciaire contre Ben Ali et sa famille pour des transactions financières «illégales».
Enfin la Suisse, emboîtant le pas à la France, a décidé de bloquer les éventuels fonds en Suisse de l’ex-président et de sa famille, qui avaient mis la Tunisie en coupe réglée.