Tunisie / Formation d’un gouvernement apolitique ,L’échec cuisant du 1er ministre

Tunisie / Formation d’un gouvernement apolitique ,L’échec cuisant du 1er ministre
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Le Premier ministre ne parlait plus hier lundi de démission et a évoqué un possible «compromis».

Hamadi Jebali a échoué. Son gouvernement apolitique ne verra pas le jour. Il a même reconnu l’échec de son initiative de former un cabinet apolitique sans pour autant démissionner ou annoncer de solution pour sortir la Tunisie de sa pire crise politique depuis la révolution de 2011.

«Je dis en toute clarté que l’initiative telle que je l’ai présentée, c’est-à-dire un gouvernement composé de membres n’appartenant pas à des partis politiques (…) n’a pas recueilli un consensus», a-t-il dit à l’issue de pourparlers avec les chefs d’une quinzaine de partis. M. Jebali a évoqué la possibilité d’une autre forme d’accord sur la composition du gouvernement.

Celle-ci pourrait intervenir «dans les tout prochains jours», reportant ainsi une nouvelle fois le calendrier du remaniement. M. Jebali a estimé néanmoins que malgré son échec, son projet de cabinet de technocrates a eu le «mérite de réunir tout le monde autour d’une table» et d’éviter au pays «de basculer dans l’inconnu». Il a indiqué qu’il rencontrerait ce mardi le président Moncef Marzouki «pour parler des étapes à venir» en vue de trouver «un consensus autour d’une autre solution». Hamadi Jebali avait, rappelons-le, initié la formation d’un cabinet de technocrates, contre l’avis de son parti islamiste Ennahda, le 6 février, jour de l’assassinat de l’opposant anti-islamiste Chokri Belaïd qui avait déclenché une nouvelle vague de violences et aggravé une crise politique préexistante. Par ailleurs, le mouvement islamique Ennahdha envisage de confier la formation d’un gouvernement de coalition à une autre personnalité. Le Conseil consultatif, la plus haute instance, du mouvement islamique Ennahdha a annoncé que le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, sera prochainement chargé de former un gouvernement politique de coalition, précisant que «la mission sera confiée à une autre personnalité si ce dernier restait attaché à sa proposition d’un gouvernement technocrate». Le conseil consultatif a réitéré son «attachement» à la formation d’un gouvernement politique de coalition qui tire sa légitimité des élections du 23 octobre 2011, soulignant la «nécessité» de parachever la période de transition démocratique à travers «l’accélération de l’élaboration de la constitution et l’organisation d’élections démocratiques». Et la crise politique que connaît la Tunisie ira crescendo.

La Tunisie est arrivée à une véritable impasse politique née de divergences de vue autour de la proposition du chef du gouvernement relative à la formation d’un gouvernement de technocrates jugée comme le «meilleur moyen» de faire sortir le pays de sa crise multidimensionnelle.

R. I. / Agences

Une statue à la mémoire de Chokri Belaïd, vandalisée

La statue installée par des artistes à l’endroit où l’opposant anti-islamiste tunisien Chokri Belaïd a été assassiné le 6 février a été vandalisée dans la nuit de dimanche à lundi, a constaté un journaliste de l’AFP. La statue, une oeuvre d’art contemporain en marbre, a été arrachée de son socle et brisée en trois morceaux. Les fleurs déposées autour ont été piétinées et les photos du défunt déchirées. «C’est un acte criminel, ceux qui ont fait ça ne sont pas des humains, on a dépassé toutes les bornes», a déclaré Besma Khalfaoui, la veuve de l’opposant venue constater les dégâts. «Le responsable est le ministre de l’Intérieur (Ali Larayedh) lui-même», a-t-elle martelé.