Le parti islamiste Ennahda, donné vainqueur du scrutin du 23 octobre pour désigner l’Assemblée constituante, a déjà choisi son numéro deux et cofondateur du parti, Hamadi Jebali, pour être candidat au poste de Premier ministre.
C’est dire à quel point cette formation politique veut le pouvoir…et maintenant. Le parti se donne un mois pour former un nouveau gouvernement. Les résultats définitifs des élections n’ont pas encore été publiés.
» Le secrétaire général du parti qui remporte la majorité aux élections, dans toutes les démocraties du monde, occupe le poste de chef de gouvernement « , relève Hamadi Jebali dans une interview accordée à l’agence tunisienne de presse TAP.
M. Jebali, 62 ans, est l’un des co-fondateurs d’Ennahda. Originaire de Sousse (centre-est), cet ingénieur de formation et ancien journaliste est un interlocuteur privilégié des chancelleries occidentales. Opposant de longue date à l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, il a passé 16 ans en prison, dont 10 à l’isolement, sous l’ancien régime, et représente le visage modéré du parti islamiste.

Béji Caïd Essebsi nouveau chef de l’Etat?
L’Instance supérieur indépendante pour les élections (ISIE) s’emploie toujours à dépouiller et vérifier les suffrages exprimés aux élections constituantes de dimanche, premier scrutin démocratique organisé depuis le début du printemps arabe.
Mais Ennahda, sur la base de ses propres chiffres, dit avoir obtenu plus de 40% des 217 sièges de l’Assemblée constituante qui rédigera la future Constitution du pays et nommera donc un nouveau gouvernement de transition avant des élections prévues fin 2012 ou début 2013. Selon certaines sources indépendantes se trouvant sur place, la victoire d’Ennahda qui avoisinerait les 60%.
Sur Express FM, M. Ghannouchi a insisté pour mettre en avant l’identité arabe de la Tunisie, » une affaire nationale qui concerne tout le monde, pas un seul parti « . » Notre langue, c’est la langue arabe. On est devenus franco-arabe, c’est de la pollution linguistique « , a-t-il déploré, alors que le parler dialectal tunisien mélange le français et l’arabe, le français étant encore largement pratiqué depuis l’indépendance en 1956.
» Il faut un dialogue national sur l’éducation « , a poursuivi M. Ghannouchi, dont le parti a déjà fait comprendre qu’il voulait ce ministère dans le futur gouvernement.
» Les lignes rouges c’est encore une fois les libertés publiques, les droits de l’homme, les droits de la femme, de l’enfant et sur ça on ne pactisera jamais, jamais « , a déclaré Moncef Marzouki, leader du parti de gauche nationaliste Congrès pour la République (CPR).
De son côté, la coalition de gauche du Pôle démocratique moderniste (PDM) a assuré qu’elle resterait » vigilante « . » Le peuple n’a pas donné un chèque en blanc à Ennahda « , a souligné Jouneidi Abdeljawad, un des responsables d’Ettajdid, principale force du PDM.
Ennahda, qui s’applique à rassurer les tenants de la laïcité et le monde des affaires, inquiets à la perspective d’une accession des islamistes au pouvoir, n’exclut pas que le poste de chef de l’Etat soit proposé à l’actuel chef du gouvernement de transition, Béji Caïd Essebsi.