L’Islam a pris une place importante dès les premières séances de l’Assemblée constituante tunisienne, chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Première force de l’Assemblée, après leur victoire en octobre dernier, le parti islamiste Ennahda a l’intention de peser dans la rédaction de la nouvelle loi fondamentale.
Le groupe Ennahda a présenté un nouveau document, mardi 28 février 2012, à l’Assemblée constituante. Un thème a été retenu par les médias, celui de la charia. Pour le site African Manager, le dessein du parti islamiste transparait dans ce programme. Il en site un extrait.
«L’Islam n’a jamais connu, ni dans ses textes ni dans son histoire, de séparation entre la religion et la politique ou entre le temporel et le spirituel. La politique est un catalyseur qui est promu au rang de culte. La religion ne peut être une affaire personnelle, mais une affaire publique et une façon de vivre. La séparation entre la religion et l’Etat contredit le message de l’Islam et tout appel à leur séparation est une atteinte à la pensée islamique»
Depuis plusieurs mois, les partis libéraux et une partie de la société tunisienne critiquent la position molle du parti Ennahda, notamment vis-à-vis des salafistes. Aujourd’hui certains craignent que le parti aille plus loin en inscrivant la charia islamique dans la Constitution. La charia est déjà une source de la législation, mais une source parmi d’autres.
«Après des mois de comédie, les masques tombent. Ennahda se révèle au grand jour, abandonne le costume du « parti civil avec une référence islamique » et entend bien mener son projet théocratique avec succès, le tout avec notre bénédiction», note le site Nawaat.
Il n’y a plus aucun doute. Nahdhaoui, salafiste: même combat, ajoute le site tunisien.
Le doute plane sur les véritables intentions d’Ennahda même si il n’est pas surprenant qu’un parti islamiste donne une plus grande place à l’islam dans la législation du pays.
Sadok Chourou, considéré comme l’un des plus fondamentalistes du parti Ennahda a récemment déclaré que «le Préambule [de la constitution ndlr] doit mentionner la charia comme la principale source du droit.»
Le parti islamiste est-il en train d’imposer une modification historique de la Constitution tunisienne?
Le site Nawaat crie à la dictature religieuse et ne pense pas que cette épineuse question puisse être réglée par référendum.
«La question « Pour ou contre la charia comme source essentielle de droit » se transformera dans l’opinion publique en « Pour ou contre l’Islam » alors qu’en réalité, elle se résume à « Pour ou contre une dictature religieuse »».