Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a décidé vendredi de limoger son gouvernement et d’appeler à des législatives anticipées dans six mois, a annoncé le Premier ministre Mohammed Ghannouchi.
M. Ghannouchi, cité par l’agence officielle TAP, a indiqué que le président Ben Ali a décidé « dans le cadre de mesures (d’apaisement) annoncées jeudi, de limoger le gouvernement et d’appeler à des élections législatives anticipées dans six mois« .
Il a ajouté avoir été chargé de former le nouveau gouvernement.
Cette annonce intervient alors que des blindés de l’armée se sont déployés devant le ministère de l’Intérieur à Tunis où des milliers de manifestants rassemblés pour réclamer le départ du président Ben Ali ont été dispersés par la police à coup de lacrymogènes, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Ces blindés se sont rapidement déployés devant le ministère, alors que des unités anti-émeutes pourchassaient des jeunes manifestants dans les escaliers d’immeubles résidentiels et dans un centre commercial, où ils se sont repliés.
Selon un témoin, d’autres blindés de l’armée se sont positionnés devant le ministère des Affaires étrangères ainsi que devant le bâtiment de la Télévision et radio nationale.
Juste avant, la police était intervenue lors d’une tentative de jonction d’un groupe important de manifestants avec l’essentiel des protestataires qui étaient massés devant le ministère de l’Intérieur depuis plusieurs heures.
En quelques minutes, la rue s’était vidée de la foule et quelques manifestants ont lancé des pierres et des chaises et des parasols pris à des terrasses de cafés en direction des policiers.
L’atmosphère dans l’avenue Habib Bourguiba était irrespirable à cause des nombreux tirs de gaz lacrymogènes alors que des renforts de police arrivaient.
AFP/Fethi Belaid
Les tirs de gaz lacrymogènes ont alors cessé dans l’avenue quasiment déserte. Mais des groupes se sont reformés sur l’Avenue de Paris, adjacente et des policiers ont commencé à les pourchasser à coup de grenades lacrymogènes.
Des manifestants réfugiés dans les immeubles ont lancé des pierres et de briques en direction des forces de l’ordre, a constaté une correspondante de l’AFP alors qu’un hélicoptère de l’armée survolait la capitale.
La marche, qui a commencé avant 11H00 locales (10H00 GMT) avec quelques centaines de manifestants, a continué à prendre de l’ampleur avec l’arrivée de plusieurs autres cortèges.
Jeudi soir, treize civils ont été tués par des tirs des forces de l’ordre, à Tunis et sa banlieue après le discours d’apaisement du président Zine El Abidine Ben Ali, ont indiqué vendredi à l’AFP des sources médicales.
« Les corps de trois personnes atteintes par balles ont été transportés à l’hopital du Kram, près de Tunis, et dix autres ont été emmenés à l’hôpital Charles Nicole à Tunis« , a précisé cette source.
Ce chiffre a été confirmé par une autre source médicale qui a participé vendredi matin à la grande manifestation dans le centre de Tunis qui a été dispersée par la police à coups de bombes lacrymogènes.
AFP/Fethi Belaid
Deux autres personnes ont péri par des tirs de la police à Kairouan, jeudi soir, au moment même où le président Ben Ali annonçait avoir ordonné de cesser le recours aux armes face aux manifestants.
Dans ce discours, le chef de l’Etat tunisien a également promis des réformes politiques démocratiques et s’est engagé à ne pas briguer un nouveau mandat en 2014 ainsi qu’une baisse des prix de produits et de services de base dans une tentative d’apaiser la tension dans le pays.