Tunisie, Égypte,Maroc et Libye ,Les Occidentaux ouvrent les portes du chaos

Tunisie, Égypte,Maroc et Libye ,Les Occidentaux ouvrent les portes du chaos

Forces internes et puissances étrangères se disputent la paternité des révolutions arabes dans l’espoir d’en cueillir, un jour, les fruits.

Al Qaîda, les Etats-Unis d’Amérique, la Turquie ou encore Israël sont perplexes lorsqu’il s’agit d’adopter une position ferme vis-à-vis des révolutions arabes. Assister à un basculement de 21 pays de plusieurs millions d’habitants, de surcroît riches en pétrole et autres ressources naturelles, ne laisse pas indifférents les stratèges et les hommes politiques.



Des forces militaires de différentes nationalités ont aussi installé leurs bases dans certains de ces pays. La France et les Etats-Unis sont de celles-là. Ces deux puissances comptent de nombreux alliés dans la région. Qui est le nid de nombreux conflits lorsqu’elle n’est pas à la lisière de nombreux autres foyers de tension. Sahel et guerre en Afghanistan attestent de cette réalité.

De cette région, l’Occident en fait même un rempart contre l’avancée de l’Iran et les incursions d’Al Qaîda. Sauf qu’à trop miser sur la chute des régimes en place, c’est tout le contraire qui est en train de se produire. Al Qaîda ne cesse de se renforcer au Sahel et dispose même d’armes lourdes récupérées des arsenaux libyens. Voilà un premier bénéficiaire des révoltes arabes, au risque d’avoir des conséquences désastreuses sur les pays limitrophes dont l’Algérie.

La France, a-t-elle à ce point intérêt à déstabiliser deux pays à la fois? C’est la voie sur laquelle elle s’est engagée en s’abstenant de solliciter l’avis de l’Algérie qui est pourtant un pays central dans l’engagement dans la lute antiterroriste. Est-ce le retour à un réflexe purement colonial ou une tentative de rachat après la forfaiture en Tunisie et qui a dérapé? Plus à l’est, ce sont les chiites iraniens qui auront la chance d’engranger des points s’ils arrivent à placer leurs hommes à la place d’Al Assad en Syrie. Pour compliquer davantage la donne, ces révoltes coïncident avec la perte du meilleur ennemi d’Obama en la personne de Ben Laden. Aqmi clame déjà que les révoltes dans les pays arabes étaient une victoire d’Al Qaîda. Elle va même jusqu’à proclamer que ces événements ne sont que le fruit du djihad dans lequel Ben Laden aurait joué un rôle de premier plan.

En Tunisie, au Maroc, en Libye et en Egypte, Al Qaîda où ses supplétifs menacent. C’est suffisant pour faire intervenir un nouvel acteur dans la bataille: Israël.

Ses dirigeants connaissaient bien Moubarak qui n’avait aucune envie de remettre en cause le traité de paix. «Nous savions qu’ils étaient hostiles à l’Iran, vigilants avec le Hamas. Qu’en sera-t-il demain? Quel poids auront les Frères musulmans dans le régime?», s’interroge un officiel israélien approché par les médias français. Pour la Syrie, c’est pire. «Imaginez une Syrie sans Assad, livrée à l’influence de l’Iran et du Hezbollah», s’inquiète la même source. Le risque du chaos est réel mais l’enjeu est capital pour les démocrates qui n’en peuvent plus à force de croupir dans les geôles des dictateurs arabes. Ces démocrates sont certes, pris entre le marteau et l’enclume mais ils tiennent bon. En Tunisie, il y a même des associations qui se sont alliées pour empêcher Ennahda de noyauter les futures instances élues. Elles ont sûrement en souvenir le premier tour des élections législatives en Algérie dans les années 1990 avec le bain de sang qui s’en est suivi. Obama et Sarkozy ont raison de combattre des terroristes, même des islamistes, mais allez savoir pourquoi ils s’en prennent à des laïcs? Ils ne font qu’affaiblir les remparts contre ce même terrorisme et ce même islamisme. L’Irak en est la preuve.

Damas, Le Caire et Tripoli en perte de vitesse au niveau régional, et voilà que d’autres acteurs régionaux se bousculent au portillon pour se positionner en tant que puissances régionales comme c’est le cas non seulement pour l’Iran mais aussi pour la Turquie. C’est un point de plus dans l’escarcelle des Etats-Unis qui n’abandonnent pas leur projet du Grand Moyen-Orient guidé par des nations non-arabes. Ils sont aidés par Sarkozy qui a tendance à nier tout rôle pivot de l’Algérie au Maghreb et dans le Monde arabe.

Les troubles qui ébranlent les pays arabes ont alors des conséquences sur les relations extérieures. Ils ne manqueront pas d’avoir des répercussions profondes sur la configuration de la mappemonde. Pourvu que cela ne se passe pas sans la contribution des premiers concernés: les citoyens arabes. Et que cela n’ouvre pas les portes du chaos avec la bénédiction des Occidentaux.

Ahmed MESBAH