Tunisie, Egypte, Libye, Yémen… Des révoltes et beaucoup d’enjeux

Tunisie, Egypte, Libye, Yémen… Des révoltes et beaucoup d’enjeux
tunisie-egypte-libye-yemen-des-revoltes-et-beaucoup-denjeux.jpg

Les révolutions des peuples arabes se suivent mais ne se ressemblent pas. Si les régimes égyptien et tunisien ont été ébranlés par la force du peuple, en Libye les événements ont pris une toute autre tournure, alors qu’au Yémen, le président résiste tant bien que mal aux pressions de la rue depuis plusieurs semaines déjà.

Dans ce dernier pays, la situation s’enlise davantage, suite aux défections en cascade de hauts responsables militaires, politiques et diplomatiques qui ont rejoint les rangs des contestataires. Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, lui, a mis en garde hier contre les risques d’une guerre civile dans le pays, alors que des chars d’unités rivales montaient la garde dans des points stratégiques de Sanaa.

La contestation lancée fin janvier pour réclamer le départ du président et de meilleures conditions de vie, a pris de l’ampleur après la mort, le 18 mars, de 52 personnes dans une attaque contre des manifestants à Sanaa attribuée à des partisans du régime. Avant-hier, les forces armées yéménites ont annoncé qu’elles empêcheraient toute atteinte à «la légalité» et à l’ordre constitutionnel au Yémen, en proie à une révolte contre le régime en place. Les protestataires ont reçu lundi l’appui de chefs de l’armée, dont le général Ali Mohsen al-Ahmar, responsable du Nord-Est qui comprend la capitale. Des blindés d’unités fidèles au général Ahmar ont été déployés autour de la Banque centrale, du siège du Congrès populaire général (CPG, parti présidentiel) et d’autres installations vitales à Sanaa. Mais des tanks de la Garde présidentielle, dirigée par le fils du président, Ahmed Saleh, et des forces spéciales, commandées par son neveu Tarek Saleh, ont pris position autour du palais présidentiel. Le général al-Ahmar a indiqué à l’AFP souhaiter «des pressions sur le président pour qu’il accepte un plan de l’opposition prévoyant une feuille de route pour une transition pacifique, incluant son départ avant la fin de 2011». Mais la majorité des manifestants, qui campent dans le centre de Sanaa, refusent cette idée et exigent un départ immédiat de Saleh qui reste sourd à tous les appels dans ce sens. L’influent prédicateur religieux Abdel-Majid Zindani, un allié d’hier du président, a été plus direct, en proposant : «Ayez du courage et prenez la décision de céder le pouvoir». En attendant la propagation du vent de la révolte à d’autres pays arabes, la transition se heurte à des contraintes énormes en Tunisie et en Egypte, où les derniers vestiges des régimes de Ben Ali et de Moubarak handicapent le processus de changement démocratique.

En Libye, la situation est plus grave. La révolution du peuple a hérité d’une donne inédite, où les populations civiles se retrouvent coincées entre la folie maladive de Mouammar El-Gueddafi et les desseins inavoués des forces occidentales.

Par : Mokrane Chebbine