Les autorités tunisiennes ont décrété jeudi un couvre-feu dans les gouvernorats de Kasserine et celui de Gafsa (sud-ouest du pays), suite à des actes de violence et de vandalisme éclatés dans la nuit de mercredi à jeudi dans les deux régions pour des raisons différentes. Le couvre-feu, d’une durée indéterminée, a été décrété de 19H00 à 06H00 du matin (GMT+1) dans toutes les localités des deux gouvernorats et il exclura les cas d’urgence et les travailleurs de nuit.
Hier (mercredi 23 novembre 2011), des violences ont secoué les villes de Kasserine ainsi qu’Om Larayes et Mdhilla à Gafsa.
A Kasserine, des actes de violence et de vandalisme ont éclaté, suite à une manifestation pacifique qui a vite dégénéré en affrontements entre les manifestants d’un côté, et les forces de l’ordre et l’armée nationale de l’autre, notamment aux alentours de la prison civile. Les habitants protestaient contre la liste des nom des martyrs qui ont été prononcés, mardi, à la séance inaugurale de l’Assemblée Nationale Constituante et qui, selon eux, comporte uniquement 7 martyrs sur un total de 23 de la région, en plus du regroupement des martyrs de Kasserine et de Sidi Bouzid en une seule liste.
Les manifestants ont essayé d’incendier la prison civile de Kasserine et de dévaliser une agence bancaire et se sont livrés à la destruction et au pillage de locaux commerciaux.
Ils ont également brûlé des pneus et tenté de piller la section régionale de l’Union Tunisienne de Solidarité Sociale (UTSS).
Les forces de l’ordre ont été contraintes d’effectuer des tirs de sommation et de faire usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.
Selon une source médicale, l’hôpital régional de Kasserine a enregistré 76 cas d’asphyxie par gaz lacrymogènes.
Notons que Mustapha Ben Jaâfar nouveau président de l’assemblée constituante et Moncef Marzouki le futur président de la république se sont, immédiatement, excusés auprès des familles des martyrs.
Dans le gouvernorat de Gafsa, plusieurs délégations de cette région ont enregistré des agitations après la proclamation des résultats d’un concours de recrutement de la campagnie des phosphates de Gafsa (CPG). Les violences ont repris jeudi dans les villes d’Om Larayes et Mdhilla où les cours ont été suspendus.
Le siège de la compagnie a été en grande partie incendié et ses entrepôts ont été pillés, a indiqué l’agence de presse tunisienne TAP. Les actes de violence et de vandalisme ont ciblé des postes de la police et de l’armée ainsi que les infrastructures de la CPG, en signe de protestation contre les résultats du concours de recrutement organisé par la société. Selon un directeur régional de la protection civile tunisienne, les protestants ont également incendié un parking et plusieurs équipements de transport appartenant à la CPG.