Les manifestants exigent le départ de tous les membres du gouvernement ayant travaillé avec l’ex-Président Ben Ali
Un millier de manifestants venus du Centre du pays et réclamant la démission du gouvernement tunisien de transition sont arrivés ce matin dans le centre de Tunis. «Le peuple vient faire tomber le gouvernement», scandaient des manifestants, parmi lesquels de nombreux jeunes, partis hier du Centre du pays et qui ont rejoint la capitale en alternant marche et trajets en véhicules, au sein d’un convoi hétéroclite baptisé «Caravane de la libération».
Arrivés dans le Centre de Tunis vers 7h30, les manifestants ont remonté l’avenue Habib-Bourguiba, artère centrale et symbolique de la ville où se déroulent des manifestations quotidiennes, avant de s’installer pour un sit-in devant le ministère de l’Intérieur, où ils ont déployé un vaste portrait de Mohammed Bouazizi. La «Caravane» devait à l’origine rejoindre Tunis à pied, en quatre ou cinq jours, mais les marcheurs ont expliqué qu’il n’y avait «pas de temps à perdre pour faire tomber le gouvernement». Ils étaient environ 300 au départ, hier matin, de Menzel Bouzaiane, à 280 km au sud de la capitale, et en chemin, ils ont été rejoints par d’autres manifestants. Avant d’arriver au centre-ville, les manifestants étaient suivis d’un convoi hétéroclite de camions, voitures, motos, camionnettes. Cette manifestation a été organisée de manière spontanée par des jeunes de la région. Des syndicalistes et des militants des droits de l’homme ont décidé de se joindre à leur mouvement. «Nous sommes venus pour faire tomber les derniers restes de la dictature», explique un vieil homme. Les manifestants, très majoritairement des jeunes, certains se protégeant du froid sous une large kachabia, viennent de la même région rocailleuse, où poussent oliviers et amandiers, une terre d’ouvriers agricoles et d’employés du bâtiment, très éloignée de la Tunisie des stations balnéaires de cartes postales. «Mohammed Bouazizi nous a laissé un testament : nous n’abandonnerons pas notre cause», proclamait une banderole déployée devant le ministère de l’Intérieur. «On vient de régions lointaines à 340 km d’ici, on a marché dans le froid, pour venir dire au gouvernement : laissez-nous choisir ceux qui doivent nous diriger. On ne partira pas tant que nos demandes ne seront pas satisfaites», promettent-ils.
«Jusqu’à la chute du régime !», scandent des jeunes réunis autour de lui, poings levés. Alors qu’hier, samedi, les policiers avaient rejoint en masse les manifestations, bras dessus bras dessous avec des militants qu’ils matraquaient quelques jours plus tôt, le climat est plus tendu avec ces provinciaux. «Il n’y a pas de gaz lacrymogène aujourd’hui ?», ironise un jeune au front ceint d’un bandeau vert en mémoire des victimes de la répression, devant un policier en faction devant le ministère.