Un responsable syndical a indiqué à l’AFP mardi 11 janvier que les émeutes à Kasserine (centre) ont fait plus de 50 tués en 3 jours. Plutôt dans la journée, la présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen, indiquait que le nombre de victime s’élevait au moins à 35. Dans un discours prononcé lundi, le président Ben Ali dénonce des « actes terroristes ».
Le nombre de morts dans les émeutes en Tunisie s’élève à au moins 35, après les violences du week-end dans des localités du centre-ouest du pays, a indiqué mardi à l’AFP la présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen.
« Le chiffre de 35 morts s’appuie sur une liste nominative », a-t-elle déclaré à l’AFP. « Mais le nombre total des victimes est plus important. Ca tourne autour de la cinquantaine, mais c’est une évaluation », a-t-elle dit. Le bilan humain de cette révolte sociale, enclenchée le 17 décembre après l’immolation par le feu d’un jeune Tunisien de 26 ans, a « tragiquement augmenté » après les manifestations pendant le week-end dans les localités de Regueb, Kasserine et Thala , a-t-elle ajouté.
Souhayr Belhassen, elle-même tunisienne, a affirmé que les blessés étaient très nombreux. « On ne peut pas les compter », a-t-elle dit. En fin de semaine dernière, avant les violentes manifestations du week-end dans ces trois villes de l’intérieur du pays, le bilan de cette vague inédite de protestation sociale s’élevait à au moins 4 morts, dont deux suicides.
Selon Souhayr Belhassen, l’agitation s’est également déplacée à des villes côtières, au coeur de la Tunisie touristique. Des incidents se sont produits à Bizerte (nord) et Sousse (centre-est), a-t-elle indiqué. Une autre ONG de droits de l’Homme, Amnesty International, a indiqué lundi qu’au moins « 23 personnes » avaient été « tuées par les forces de sécurité » lors des affrontements survenus samedi et dimanche en Tunisie.
Ecoles et universités fermées jusqu’à nouvel ordre
Par ailleurs, le gouvernement tunisien a ordonné la fermeture de toutes les écoles et universités à compter de mardi et jusqu’à nouvel ordre, rapporte lundi l’agence de presse officielle TAP.
« A la suite de la violence dans des universités et des lycées, et en attendant que l’enquête établisse les responsabilités (…), nous avons décidé de suspendre tous les cours dans tous les établissements d’éducation (…) à compter de demain mardi et jusqu’à nouvel ordre », précise l’agence TAP qui cite le ministère de l’Education.
Le gouvernement impute les troubles à des extrémistes qui s’en sont pris aux forces de l’ordre. Le président Zine el Abidine Ben Ali a mis en cause des « éléments étrangers ». Dans un discours télévisé prononcé lundi 11 janvier, il a amputé les violences à des terroristes et promis 300 000 emplois. « Nous avons décidé de multiplier les capacités d’emploi et la création de sources de revenus (…) dans tous les secteurs durant les années 2011 et 2012″, a-t-il déclaré, annonçant 300 000 emplois en plus de 50 000 autres promis par le patronat pour les régions.
Ceci, permettra « l’embauche du plus grand nombre de chômeurs, autres que les diplômés du supérieur et parmi les sans-emploi de toutes les catégories et de toutes les régions », a-t-il assuré.
« Actes terroristes impardonnables perpétrés par des voyous cagoulés »
Pour évoquer les manifestations devenues depuis quelques semaines des émeutes, le président Ben Ali a dénoncé des « actes terroristes impardonnables perpétrés par des voyous cagoulés » dans le centre-ouest du pays.
La Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) a réclamé lundi la suspension des négociations sur un « statut avancé » de partenariat entre l’Union européenne (UE) et la Tunisie, en raison des violences lors des manifestations dans ce pays. La Tunisie et l’Union européenne, déjà liées par un accord d’association, ont lancé en mai 2010 des négociations en vue d’un renforcement de leurs relations, dans la perspective d’un « statut avancé » qui serait accordé par l’UE.
« Il est urgent de demander à l’Union européenne de suspendre les négociations pour le statut avancé en cours », a estimé la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen. « Il faut que ces négociations sur le statut avancé soient suspendues, en attendant d’intégrer tout ce que nous demandons depuis des années (…) et que soient respectés le développement de la démocratie et les droits de l’homme », a ajouté Mme Belhassen, qui s’exprimait à l’occasion d’une conférence de presse d’avocats français partis les 6 et 7 janvier en Tunisie pour apporter leur soutien à leurs collègues tunisiens.