TUNISIE ,Attention à la marche!

TUNISIE  ,Attention à la marche!
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Il y a 22 mois, le peuple tunisien déboulonnait Ben Ali et sa clique

Mais faire la paix ensemble, voilà le défi qui se pose depuis quelques temps à nos frères tunisiens.

Faire la révolution ensemble est généralement facile ou, du moins, pas compliqué. L’objectif est suffisamment catalyseur pour que toutes les forces s’y consacrent.

Nous avons vu comment les enfants, les femmes et les hommes de Tunisie, dans leur diversité, étaient descendus dans la rue pour déboulonner, bras et poitrines nus, un régime aussi dur et sévère que celui de Benali.

Mais faire la paix ensemble, voilà le défi qui se pose depuis quelque temps à nos frères tunisiens. Un défi que chacun semble décidé pourtant à rendre plus compliqué encore au lieu d’aider les autres à le réaliser ensemble. La sortie de la dictature de l’ancien régime s’avère ainsi, avec du recul, plus accessible que les chemins de l’avenir où, à chaque pas, il convient de faire attention à la marche.

Bientôt deux ans sont passés depuis que, un 17 décembre 2010, un certain Bouazizi s’immola à Sidi Bouzid déclenchant, par ce geste désespéré, ce qui allait devenir la révolution du Jasmin, une véritable révolution contre le régime de Tunis. Deux années presque sans toutefois que l’odeur du jasmin n’arrive à parfumer le pays et sans que le printemps ne donne herbe.

A regarder la violence qui monte au pays de Tahar Benachour, on ne peut qu’être inquiets.

Traditionnellement habitués à une diversité de vues et de pensées, les Tunisiens acceptent de moins en moins d’avoir affaire à une pensée unique, à une vision unique de la Tunisie et du monde. Ceci est visible dans la force avec laquelle des voix s’élèvent pour attirer l’attention sur la dérive qui prend forme.

Quiconque assiste, ces derniers temps, à une émission de débat en Tunisie est frappé par la ressemblance entre ce qui se passe actuellement chez nos frères et voisins et ce qui se passait chez nous la veille de notre chute dans l’abîme de la violence.

Est-ce à dire que la Tunisie est en train de s’enliser dans une phase horrible? Nous ne le lui souhaiterons absolument jamais. Et nous prions pour que nos frères tunisiens vivent en paix et sérénité, libres et heureux. Mais des indices sont là et il ne sert à rien de les cacher!

Le premier indice à prendre en considération est la lourdeur du processus de changement. Tout en Tunisie semble en effet, patiner, comme si quelque chose, quelque part, s’opposait à l’amélioration ou à la sortie du bourbier actuel dans lequel la société patauge.

Deux années sont passés et les Tunisiens sont toujours en train de discuter de la nouvelle Constitution, de la gouvernance, de la législation, etc. Comme si quelques parties s’entêtaient à tergiverser alors que le retard n’est point favorable au pays qui n’arrive pas à se relever économiquement et socialement.

Le second indice est l’utilisation de la religion par les uns et les autres. Dans leur grande majorité, les Tunisiens sont des musulmans et, jusque-là, ils ont vécu leur religion loin de la politique mais, depuis quelque temps, c’est la religion qui occupe le devant de la scène soit pour être avancée comme argument par certains soit pour être réfutée par d’autres.

Le troisième indice est la prétention de détenir la vérité par certains. L’on a vécu cela en Algérie. Lorsqu’une partie croit détenir la vérité et exclut le reste de la société sur la base de cette impression, il devient difficile de communiquer et de se comprendre. Ceci débouche directement sur une autre forme d’unicité de la pensée. Le quatrième indice se rapporte, quant à lui, à la faiblesse de l’Etat. On assiste, en effet, à un affaiblissement clair de l’Etat en Tunisie.

Tiraillée entre la nécessité de maintenir l’ordre et la crainte de provoquer des réactions violentes, la force de l’Etat semble incapable de jouer le rôle qui est le sien.

C’est ainsi que certaines parties osent désormais attaquer, armes à la main, les institutions de l’Etat comme ce fut le cas de l’attaque de commissariats à Menouba par exemple. Des agents de l’ordre sont agressés physiquement, ils sont la cible de certaines parties car la crainte de l’Etat est désormais franchie. Cela nous rappelle, à nous Algériens, une certaine période.

Tous ces indices et bien d’autres encore laissent croire que ce qui se passe en Tunisie suit exactement le même chemin que celui que certains nous avaient imposé. La conséquence, pour notre cas, nous la connaissons maintenant. Des années de sang et de peur. Un chemin que les Tunisiens doivent à tout prix éviter de suivre.

Pays frère et voisin, la Tunisie nous est chère et nous avons toujours su que le Tunisien n’est pas violent.

La tolérance le dialogue ne seront jamais de trop à une période où tout semble imbriqué. Il est nécessaire aussi que nos frères tunisiens fassent bien attention à ne pas faire le jeu de quelques parties étrangères et à ne pas tomber dans le jeu de ceux qui veulent déstabiliser le Monde arabe, comme Israël notamment.