Tunisie/ Algérie : indignons-nous !

Tunisie/ Algérie : indignons-nous !

L’autre jour, mon neveu me récitait l’article 2 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 apprise en cours d’Histoire : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression ». En écho au texte fondateur de la République, la proposition à l’Assemblée Nationale, lieu hautement symbolique, de Michelle Alliot-Marie à l’Algérie et à la Tunisie en proie à un soulèvement démocratique a paru d’autant plus cinglante : « Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. C’est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays dans le cadre de nos coopérations, d’agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité ».

Ainsi, la ministre des affaires étrangères française n’a offert rien de moins que de donner aux régimes tunisien et algérien les moyens de mater la révolte légitime de leurs peuples. Un mouvement insurrectionnel payé au prix du sang de 66 Tunisiens jusque-là. On se souvient qu’un certain Bernard Kouchner avait théorisé sur le devoir d’ingérence supposé défendre les opprimés. Alliot-Marie réinvente le droit d’ingérence pour défendre les oppresseurs. Certes, le devoir d’ingérence version Kouchner avait en fait défendu sous des habits angéliques des causes très discutables selon des principes moraux à géométrie variable et orientés. Mais un nouveau pas est franchi par Alliot-Marie : le cynisme de la politique étrangère est assumé.

Sous les dehors peu reluisants d’un mercantilisme de la sécurité, il y a des relents encore moins reluisants de la posture coloniale rampante de la Françafrique. Si on ne chante plus ouvertement le temps des colonies, en sous-main, on protège les intérêts économiques et politiques hexagonaux au prix de petits arrangements avec les principes que l’on défend par ailleurs pour « libérer » d’autres pays.

Hasard ou coïncidence, les plus ardents défenseurs (par le verbe ou le silence assourdissant) du régime de Ben Ali parmi les hommes politiques français sont ceux qui possèdent des villas cossues en Tunisie. D’une certaine manière, ils défendent le droit à la propriété – leurs propriétés. La frontière entre la défense des intérêts personnels et de l’Etat français est floue et, de toute façon, en contravention avec le droit imprescriptible de l’Homme à la liberté.

Par cette politique, la France favorise sans vergogne les conditions d’une misère qu’elle chasse à sa frontière, sous le prétexte qu’elle ne peut pas accueillir toute la misère du monde, selon la formule de Michel Rocard, omettant que celui-ci avait ajouté qu’elle devait savoir en prendre fidèlement sa part. Il s’en trouvera pour critiquer les candidats à l’exil – démocrates courageux, jeunes à l’horizon bouché – chassés par les balles réelles tirées par les forces de l’ordre formées par l’état français.

Stéphane Hessel, ancien résistant de la seconde guerre mondiale, un des rédacteurs de la déclaration universelle des droits de l’Homme, ponctue son essai « Indignez-vous » par :

CREER, C’EST RESISTER.

RESISTER, C’EST CREER.

Samedi 15 janvier à 14h, résistons tous pour manifester notre deuil pour les morts tunisiens et notre soutien au peuple qui se soulève.

Paris: Place République

Lyon : Place Bellecour

Marseille : La Canebière

Toulouse : Place du capitole

Toulon : Place de la liberté

Nice : Consulat

Mulhouse : Porte jeune

Strasbourg : Homme de fer