Mohamed Merah, principal suspect dans les tueries de Toulouse et Montauban, est mort jeudi dans l’assaut mené par une unité d’élite de la police nationale française appelée le Raid (Recherche, assistance, intervention, dissuasion).
Lors de l’assaut qui mit fin à 32 heures de siège du domicile de Mohamed Merah, le Raid a retrouvé, selon la presse française, un arsenal impressionnant d’armes à feu. «Mohamed Merah souhaitait mourir les armes à la main. Il a été tué d’une balle dans la tête, un Colt 45 au poing, alors qu’il résistait à l’assaut du Raid.
Le chargeur ne contenait plus que deux balles», selon le procureur de Paris François Molins, ajoutant «qu’il a tiré une trentaine de coups de feu sur les policiers». Le patron du Raid a indiqué également que la police est entré dans la salle de bain où était retranché Mohamed Merah, qui «attendait dans une posture de combattant, avec une détermination sans faille», les pieds dans 30 cm d’eau, car une colonne d’eau a été touchée par un tir dans la nuit de mardi à mercredi.
Le procureur de Paris, François Molins, a précisé que Mohamed Merah avait filmé chacune de ses tueries à l’aide d’une «caméra sanglée». Après les avoir examinées, le procureur a évoqué des scènes «extrêmement explicites».

Après ce violent dénouement, le président français Nicolas Sarkozy, en meeting à Strasbourg (Bas-Rhin), a évoqué jeudi le tueur de Toulouse et Montauban. Pour le président candidat, «ces crimes ne sont pas ceux d’un fou. Un fou est irresponsable. Ces crimes sont ceux d’un fanatique et d’un monstre». Le chef de l’Etat français a annoncé une série de mesures de lutte antiterroriste pouvant permettre de garantir une meilleure sécurité en France.
Par ailleurs, une organisation appelée «Jund al-Khilafah» (les soldats du Califat), qui a par le passé revendiqué des attaques en Afghanistan et au Kazakhstan, a revendiqué la tuerie de Toulouse dans un communiqué mis en ligne sur le site Shamikh, qui diffuse généralement les communiqués d’al-Qaida. Le témoignage d’un expert psychologue, Alain Penin, sur le passé du jeune Merah, donne des indices sur la personnalité de cet individu. «Merah est un jeune homme soucieux de son image, qui cultivait son apparence, mais dépressif», a-t-il déclaré à la presse française, ajoutant «qu’il avait été hospitalisé en hôpital psychiatrique pour une tentative de suicide en détention».
«Ses parents divorcent alors qu’il n’avait que cinq ans», soutient-il pour décrire la situation dans laquelle a évolué l’auteur des tueries. D’autres titres de la presse française ont présenté Mohamed, comme «un garçon coquet, qui aimait les Lacoste, les montres et les joggings». Il était aussi «peu mature, au chômage et au RSA,
capable de passer des heures devant des vidéos violentes (des «scènes de décapitation», selon le procureur de Paris, François Molins, chargé de l’enquête), fasciné, semble-t-il, par Terminator, le tueur qui a un œil-caméra. Mohamed Merah figurait également sur la liste noire des personnes interdites de vol aux Etats-Unis, selon un responsable du renseignement américain cité par l’AFP.
Polémiques sur l’intervention du RAID
Cependant, la mort de Mohamed Merah a provoqué des commentaires et une polémique en France. Cité par le quotidien français Le Monde, Christian Prouteau, le fondateur du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), s’en prend, hier, à l’assaut du RAID à Toulouse.
«Comment se fait-il que la meilleure unité de la police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ?» s’interroge cet ancien gendarme. Il critique la volonté de coincer Mohamed Merah chez lui. «On aurait pu lui tendre une souricière», explique-t-il. «Attendre qu’il sorte et le coincer».
«Cela peut paraître présomptueux», ajoute-t-il, «mais, en soixante-quatre opérations menées par le GIGN sous mon commandement, il n’y a pas eu un mort.» De son côté, Jean-Dominique Merchet, journaliste à la revue Marianne, qui s’occupe des questions militaires, se pose des questions sur l’opération : «Quelque chose s’est mal passé. D’un point de vue purement technique, cette opération s’apparente à un échec», avant de conclure : «L’heure est déjà aux critiques dans le tout petit monde du contre-terrorisme».
Le Premier ministre français, François Fillon, a affirmé hier matin sur RTL «qu’il n’existait aucun élément permettant d’appréhender Mohamed Merah». La candidate à la présidentielle du Front national Marine Le Pen a demandé pour sa part un «débat» sur cette question. Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, a évoqué à son tour jeudi soir «une faille» dans la surveillance de Mohamed Merah, estimant qu’«à la suite des drames de Toulouse et de Montauban, des questions seront nécessairement posées».
F. B.